|  John Simm (Bernard Sumner) Sean Harris (Ian Curtis) Ralf Little (Peter Hook)
DATE DE SORTIE : septembre 2002 |
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|  |   |  |        | Par Fredéric Thébault | Photos D.R. |
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|  | Le 5 avril dernier est sorti en Angleterre un film dont le thème central est l’épopée du label Factory, de sa création en 1978 à sa fin malheureuse en 1992. "24 Hour Party People", titre tiré d’un morceau des Happy Mondays, propose de nous faire revivre une période qui a profondément marqué la scène musicale anglaise. En sélection officielle à Cannes, le film y est passé plutôt inaperçu et semble n’avoir retenu l’attention ni du public ni des journalistes. Une météorite pour les paillettes cannoises.
Michael Winterbottom est l’auteur de "Butterfly Kiss" (dont l’héroïne est une serial killer), "Welcome to Sarajevo" (une fiction-documentaire sur la guerre en ex-Yougoslavie) ou plus récemment du western "Rédemption" avec Milla Jovovich et Nastassja Kinski. "24 Hour Party People" est né de son désir de raconter l’histoire incroyable de Tony Wilson, journaliste de télé locale, fondateur de Factory Records en 1978, l’homme qui donna leur chance à des groupes aussi différents et passionnants que Joy Division ou les Happy Mondays. L’autre personnage central, c’est la ville de Manchester et les lieux où se retrouvaient les groupes, telle la mythique "Hacienda", boîte de nuit qui devint vite le repère privilégié de tous les acteurs de cette scène. Manchester, ville industrielle morne et sinistre du nord de l’Angleterre, où selon la légende, la jeunesse n’avait guère d’autres choix que le rock, le football ou la drogue pour échapper à la tristesse de son quotidien. Le film est évidemment un hommage à toutes les musiques issues de l’époque punk, de l’électronique froide à l’incontournable brit-pop en passant par la cold-wave, autant de sons nés sur le label Factory, et surtout à tous les personnages qui en ont fait l’histoire. Comme l’explique Michael Winterbottom : "Ce qui était excitant dans la création de ce film, c’était la façon dont tout était si chaotique ; peu à peu, tout partait à la dérive. Nous voulions que ce film recrée le même feeling que celui qui régnait au sein même de Factory".
Les chemins du cinéma et du rock se sont souvent croisés, le plus souvent à travers un format documentaire, plus rarement sous forme de "reconstitution historique". Michael Winterbottom a construit son film en recréant de toutes pièces Factory, l’ambiance qui régnait alors, dans un esprit de réalisme. Chaque comédien a été choisi pour sa ressemblance physique avec le personnage qu’il interprète, sans qu’aucun intervenant de l’époque ne joue son propre rôle dans le film. Par conséquent, les acteurs nous sont tous quasiment inconnus, hormis peut-être Steve Coogan qui interprète Tony Wilson. Ce comique britannique notoire s’est d’ailleurs vu offrir sa première apparition télé dans une émission de... Tony Wilson ! C’est lui qui tout au long du film sert de fil rouge à cette plongée hallucinée dans l’univers mancunien.
Pour préparer "24 Hour party People", Winterbottom a bien entendu contacté tous les protagonistes survivants, notamment Alan Erasmus, alter-ego de Tony Wilson, et Peter Saville, designer, créateur de l’imagerie Factory et des pochettes des disques, véritables petites œuvres d’art, indissociables du concept global Factory.
On retrouve dans le film Joy Division et son chanteur charismatique Ian Curtis, suicidé en 1980, New Order, groupe réputé secret et insaisissable, les irrévérencieux Happy Mondays qui auront fait parler d’eux autant pour leurs frasques que pour leur musique pourtant géniale. On y verra aussi Steven Morrissey, chanteur des Smiths, personnage fantasque, indissociable de la vie mancunienne, ou encore les Stone Roses. Autant de groupes, autant d’histoires, autant de personnages étonnants que "24 Hour Party People" nous propose de découvrir dans leur quotidien de l’époque, loin du mythe créé depuis. Pour savoir si Michael Winterbottom a réussi son pari d’intéresser à la fois le spectateur néophyte sans décevoir le fan à la recherche de repères précis, il faudra attendre le mois de septembre, date annoncée pour la sortie du film sur nos écrans. |  |  |  | | |  | |
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