PROCHAINE SORTIE :
"Murray Street" (juillet 2002)
SITE OFFICIEL :
www.sonicyouth.com
Par Frédéric Thébault  
Photos D.R.  

Bienheureux connectés à Internet, souvenez-vous. Il y eut une époque, il n’y a pas si longtemps de ça (cinq, six ans…) où la connaissance du vaste monde du rock était le privilège des plus motivés. Il fallait faire son choix entre les radios et les magazines, se tenir au courant coûte que coûte, et effectivement cela coûtait beaucoup. Quant à connaître les discographies, les biographies, les courants musicaux à la pointe de la mode, cela était encore plus difficile, la seule règle était alors de vivre pour et par le rock, en délaissant tout le reste.
Aujourd’hui, un simple clic, une recherche sur Google ou la fréquentation assidue des portails à la www.allmusicguide.com, et le tour est joué. On sait tout, on connaît tout, et, must des must, on peut même, en fouillant un peu, écouter facilement et gratuitement divers morceaux de nos groupes préférés.

Sonic Tooth
Et cela n’est pas le privilège des jeunes groupes, qu’on se détrompe. Pour inaugurer cette nouvelle façon de raconter le rock, on reparlera donc d’un groupe majeur qui sort ces jours-ci son nouvel album, j’ai nommé Sonic Youth. "Murray Street" sera bientôt dans tous les bacs, mais il y a bien longtemps, quand la plupart d’entre nous préféraient jouer aux Playmobil plutôt qu’écouter des guitares hurlantes, Sonic Youth sortait déjà des disques incendiaires, uniques, éprouvants, inoubliables. Pourtant, "Murray Street" et ses prédécesseurs estampillés 90’s ont mis un frein au magma sonore du Sonic Youth version 80’s, n’en conservant pour l’essentiel que l’expérimentation et des ambiances plus feutrées.
Les vieux fans transis, mais aussi tous ceux qui auront envie de connaître les précédentes productions du groupe, pourront se documenter sur le site de nos Américains existentialistes préférés, en téléchargeant plus de trois heures de morceaux. Pour l’essentiel, ce sont toutes les faces B des singles, pour la plupart jamais réédités.
Qui dit face B dit le plus souvent inédits, remixes ou version live de morceaux connus, un moyen comme un autre de découvrir un groupe par son aspect le plus confidentiel, et donc le plus dénué de toute démarche commerciale.
Tout le monde y gagne : le groupe, qui de toute façon ne vend plus lesdits singles, épuisés ou perdus dans les bacs des soldeurs, et qui peut ainsi continuer à faire connaître sa musique tout en faisant œuvre de prosélytisme, les fans, qui n’ont pas besoin de courir les bourses d’échange ou de dépenser leurs fonds de porte-monnaie pour satisfaire leur soif d’inédits, ou encore les néophytes, qui ont "souvent entendu parler de Sonic Youth" et qui "aimeraient bien se faire une idée".

Sonic Death
Sur sonicyouth.com, rendez-vous donc à la rubrique "Archives", et profitez-en largement. On y retrouve les singles les plus connus (ceux de "Goo", l’album de 1990, qui leur ouvrit grand la porte du paradis avant qu’eux-mêmes ne la claquent bien vite) : "Kool Thing", "Disappearer", et le mini-LP live "Dirty Boots". Y figurent aussi des morceaux plus anciens dans lesquels on retrouve intacte la sauvagerie inouïe des débuts du groupe : Halloween II (1985, de "Bad Moon Rising"), Master Dick de l’album "Sister" (1987, avec un morceau de 12 minutes, hilarant et complètement déjanté, et ce n’est pas peu dire, 02 Parts 2N3), Silver Rocket (le single qui les a fait découvrir sur le Vieux Continent) ou Candle de l’album "Daydream Nation" (1988), et des plus récents tels 100% et Sugar Kane issus de "Dirty" (1992), Self-Obsessed And Sexxee, de "Experimental Jet-Set, Trash And No Star" de 1994, premier album à prendre un virage "ambiant", volontairement anti-commercial, et enfin Little Trouble Girl et The Diamond Sea (notons Terry’s Carrot, un titre de 18 minutes purement bruitif, sur le premier, et une version de 25 minutes du morceau du même nom, bouleversante, sur le second), issus de "Washing Machine" (1995), dernier album en date à fricoter encore un peu avec les charts.
Rajoutons deux grandes raretés, le split-single avec Mudhoney, millésimé 1989, Touch Me I’m Sick, et la participation à la compilation de 1994 "If I Were a Carpenter" en hommage aux Carpenters (!),Superstar.

Fucking Youth
L’écoute de tous ces morceaux devrait permettre aux fans de passer quelques heures d’extase ; quant aux autres, ils auront le choix de se précipiter chez leur disquaire pour se procurer l’intégralité des albums, ou les commander directement sur le site.
Enfin, on ne pouvait clore cet article sans ajouter que Sonic Youth offre également, tous les mois, un nouveau morceau en téléchargement libre !
www.sonicyouth.com, le site parfait ?