Le festival aura lieu
du 24/09 au 29/09
au Parc de la Villette
(Grande Halle) et à
la Cité de la Musique.
SITE OFFICIEL :
www.villette-numerique.com
Par Carole Jay  

Juste après les Rendez-Vous Électroniques organisés par l'association Technopol dans toute la France, aura lieu à Paris du 24 au 29 septembre le Festival International de la Création Numérique et des Nouveaux Médias : Villette Numérique. Outre une programmation musicale particulièrement attirante et ambitieuse, il ne faut pas minimiser l'intérêt général de cet évènement qui devrait être la première édition prometteuse d'une biennale dédiée à la création numérique dans ce qu'elle a de plus vaste. En effet, le site de la Villette accueillera pour l'occasion des artistes venus de tous horizons, associant ainsi l'art contemporain (installations et œuvres multimédia), le cinéma, les spectacles (performances, danse, théâtre), le web, les jeux vidéo et bien sûr la musique.

Le festival débutera en grande pompe pour tous les nostalgiques, les curieux et tous ceux qui découvrent la robot-pop, avec trois concerts de Kraftwerk les 25 et 26 septembre. Le groupe n'a pas donné de concert depuis 1998 et ne s'est plus produit en France depuis 1991, mais après la Belgique et le Luxembourg, les vétérans de la musique électronique viendront enfin nous rendre visite pour une prestation qui bénéficiera de l'acoustique parfaite de la grande salle de la Cité de la musique, néanmoins plus habituée aux orchestres symphoniques qu'aux synthétiseurs et autres vocodeurs.
À la Grande Halle de la Villette, la musique sera concentrée sur deux jours avec les concerts proprement dits et les Nuits Electro, où DJ sets et lives se mélangeront. Le vendredi 27, le Groupe de Recherche Musicale de l'INA nous propose une rencontre inédite entre Christian Fennesz et Arnaud Rebotini (Zend Avesta) qui ouvrira la soirée à 21h. Vers minuit débutera la première Nuit Electro avec en live : Kid 606 (Miguel Trost-Depedro, jeune virtuose du laptop et fondateur de l'excellent label Tigerbeat6), le canadien Akufen (Force Inc.) en qui tout le monde voit une révélation mais qui ne nous a pour l'instant rien révélé de particulier, malgré une technique de sampling intéressante. On pourra également assister à un concert de la nouvelle hype rock/électro du moment, The Rapture, ce groupe new-yorkais signé sur Output (le label de Trevor "Playgroup" Jackson) dont le chanteur possède une voix assez proche de celle de Robert Smith mais en plus criarde, voire insupportable parfois. En DJ set, l'excellent Mark Bell (LFO) nous gratifiera de sa trop rare présence scénique, suivi de Suburban Knight (alias James Pennington, membre de Underground Resistance) et John Thomas (Logistic Records). Erol Alkan essayera de nous convertir aux soirées Trash (soirées londoniennes électro fourre-tout dont il s'occupe avec brio), quant à Jacques Lu Cont (Les Rythmes Digitales, Zoot Woman…), il aura la dure tâche de tenir le public éveillé jusqu'à l'arrivée de 2 Many DJs, ces deux belges fous furieux (les frères Dewaele, plus connus sous le nom de Soulwax), dont l'album de mixes "As Heard on Radio Soulwax Pt 2" a connu un joli succès dans nos contrées dernièrement.
Le samedi 28 septembre, la soirée débutera avec Ryoji Ikeda (parfait illustrateur sonore des expériences visuelles du collectif japonais Dumb Type) qui présentera la première d'une création alliant musique et image, un exercice pour lequel il excelle. On le retrouvera ensuite en trio avec Carsten Nicolai et Mika Vainio (Pan Sonic), de nouveau pour une première mondiale et pour "un concert à six mains et trois ordinateurs bourrés de surprises sonores" (sic). Au cours de la deuxième Nuit Electro, nous aurons droit à un live du célèbre et génial Uwe Schmidt, plus connu sous les noms de Lassigue Bendthaus ou Atom™, et dernièrement remarqué pour avoir repris Kraftwerk à la sauce latino (sous le nom de Señor Coconut) ou David Bowie, John Lennon et autres Rolling Stones version électro… Live également de Tampopo (l'excentrique Philippe Bertrand, signé chez l'usine à hits electroclash Gigolos Records) et de Slam (les deux écossais Stuart McMillan et Orde Meikle, fondateurs du label Soma). Pour les DJ sets, Ellen Allien (la patronne), Feadz et Sascha Funke (les employés) viendront représenter le label berlinois BPitch Control. N'oublions pas de citer la présence obligatoire de quelques pointures comme Derrick Carter ou François K, ce français exilé à New York voilà déjà quelques années, connu pour avoir été l’ingénieur du son de l’album "Electronic Café" de Kraftwerk en 1986. Il a également travaillé avec The Cure, Pet Shop Boys, Cabaret Voltaire, The Smiths ou Depeche Mode, mais ne cherchez aucun rapport entre les références ci-dessus et la house multi-publics qu'il distille à tout va…

Parmi les œuvres présentées lors de cette biennale, on s'attardera plus particulièrement sur "360°" de Granular Synthesis. Cette construction architecturale, composée d'un mur de quinze écrans géants, encerclera le public afin de l'immerger totalement dans un paysage audio visuel dynamique. Comme à son habitude, le travail hypnotique de ces deux autrichiens, parfois assourdissant mais toujours spectaculaire, risque de ne pas laisser indifférent. Leur démarche, même si elle peu sembler répétitive, consiste en une utilisation intensive de la synthèse granulaire, un procédé qui permet d'étirer un son à l'infini ou presque, en créant une onde sonore complexe à partir de fragments (grains) de l'ordre de la milliseconde. Cette technique, ils l'appliquent à la vidéo, et le résultat qu'ils obtiennent, prompt à volontairement déclencher une émotion intense, fait très souvent quitter les lieux à bon nombre de spectateurs, comme ce fut le cas au cours de "Pol 2.0" (performance concoctée à partir de la voix et de l'image de Diamanda Galás), présenté il y a deux ans dans le cadre du festival Exit de Créteil.
La connivence avec ce festival semble d'ailleurs être plus qu'une probabilité, puisque certaines œuvres déjà aperçues à Créteil en début d'année seront également présentes à la Villette ("J’efface votre trace", "NewYorkExitNewYork"…). À l'extérieur de la Grande Halle, des expériences intéressantes attendent le public, comme cette installation intitulée "Outdoor Sound", créée par les finlandais Petteri Nisunen et Tommi Grönlund (le créateur de Sähkö, label de Panasonic, Jimi Tenor…), qui nous invitent à traverser une onde sonore diffusée par deux antennes satellites paraboliques disposées à 120m l'une de l'autre. L'effet est paraît-il très étrange… Ou encore "Sonic Interface" de Akitsugu Maebayashi, qui nous propose de déambuler au sein du festival munis d’un dispositif d’écoute (ordinateur et casque audio), afin de percevoir les différentes ambiances sonores remixées par le biais de mises en boucles, de retards dans l'écoute, qui donnent un sentiment de feedback permanent.
Autre évènement attendu : Playtime, une exposition qui aura pour but de refléter trente ans de jeux vidéo, et qui risque de faire bien des heureux. Des Commodore, Amstrad, Oric, Amiga et autres Atari jusqu'aux dernières nouveautés, tous les jeux présentés seront accessibles au public, de quoi augurer de longs tournois de Pong et autres Pacman en perspective. Une rétrospective réjouissante pour un festival décidément incontournable.