|  Propos recueillis en août 2005
DERNIÈRE SORTIE : "Oscillons from the Anti-Sun" |
|  |      

  |  |
|  |   |  |    | Par Christophe Labussière | Photo D.R. |
|  |  |  |  |
|  |
|  | Tim et Laetitia mènent de main de maître la barque Stereolab depuis maintenant quinze ans. Ils ont à eux deux créé de toutes pièces une vraie curiosité qui a su tout de suite s'écarter des schémas classiques. Pas vraiment pop, ni tout à fait lo-fi, encore moins lounge, pas foncièrement expérimental, ni totalement électronique, le son Stereolab a su rester unique et en constante évolution. La récente compilation "Oscillons from the Anti-Sun", qui regroupe sur trois CD et un DVD tous les singles et EP du groupe, est l'occasion rêvée de demander à Laetitia de lever un peu le voile sur le mystère Stereolab.
Depuis vos débuts, Stereolab a été considéré comme une sorte d'OVNI sur la scène indie anglaise. Comment définirais-tu votre musique ? Il me semble que chaque groupe, musicien ou artiste doit trouver sa propre voie au sein même de ce qu'il crée. Et cela doit être la raison même qui l'amène à créer, afin d'être unique, et, s'il y parvient, de ne pas être identifiable. Je ne vois aucune pertinence artistique chez un énième Rakes ou Libertines, c'est malheureux, mais ça n'apporte rien. Mais peut-être qu'ils n'ont pas d'intention artistique, mais uniquement commerciale ? Il y a à vrai dire un paradoxe, comment prétendre faire quelque chose d'unique en réussissant à faire vibrer une corde humaine universelle ? Mais je pense que quand ça arrive ça doit t'apporter une excitation telle qu'elle donne un vrai sens à l'art ou à la musique dans son ensemble.
Comment êtes-vous parvenus à garder ce minimalisme, si propre à Stereolab, sans ennuyer vos fans et sans vous lasser ? Je ne définirais vraiment pas Stereolab comme un groupe minimaliste ! À moins que nous soyons suffisamment malins pour parvenir à faire que 62 pistes de musique jouées simultanément sonnent comme une démo 4 pistes ?!
Vous avez su garder votre indépendance malgré un succès grandissant. Vous n'avez jamais été tenté de devenir plus mainstream, d'être en tête des tops et de remplir des stades ? Quel est le charme de jouer dans un stade ? Que l'on ait droit à plus de diffusion radio, c'est vrai que ce serait bien, mais actuellement nous sommes toujours libres de ne pas plier sous la dictature des médias. Et au moins nous apprécions de jouer live, les salles dans lesquelles nous jouons sont toujours pleines de gens enthousiastes.
Vous venez de sortir le coffret "Oscillons from the Anti-Sun". Comment avez-vous choisi les titres qui y figurent ? Les titres qui apparaissent sur cette compilation sont tous les singles que nous avons enregistrés lorsque nous étions en contrat avec le label Elktra. Nos EP 4 ou 5 titres n'étaient souvent disponibles qu'en import, tout le monde ne pouvait donc pas les avoir. Maintenant ils sont enfin tous réunis ensemble dans un joli petit coffret qui devrait en plus ravir les yeux...
Quel est l'album de Stereolab qui représente le plus le son Stereolab ? Eh bien, ils constituent chacun une pierre de l'édifice, et je pense ne pas me tromper en disant que nous sommes toujours en train de le construire !
Mary est décédée en décembre 2002. Est-ce que cela a mis en danger l'existence de Stereolab ? Ça n'a pas été trop difficile de continuer sans elle ? Oui, c'est difficile de continuer sans Mary, chantant, jouant et étant à mes côtés, physiquement et dans le groupe. Bien que je sente sa présence, parce que son énergie continue à venir nous rendre visite. Elle ne nous a pas totalement quittés. C'est douloureux de perdre une amie, une soeur. Mais ce n'est pas parce que la vie est dure qu'elle doit s'arrêter.
De quelle façon son absence s'est-elle fait ressentir sur l'album "Margerine Eclipse" ? De tellement de façons que je ne peux pas te l'expliquer là, maintenant.
Concernant ton projet Monade, tu as décidé de le lancer parce qu'il y avait des choses que tu ne pouvais pas faire dans Stereolab ? Oui, le "Lab" a été créé pour développer les idées musicales de Tim. J'avais des chansons de mon côté que je voulais mettre au jour, j'ai donc créé Monade, mon propre espace musical dans lequel elles allaient pouvoir exister.
Tim a-t-il participé à tes deux albums ? Un petit peu sur les premiers enregistrements. Il m'a donné un coup de main pour une ligne de basse, sur Volde Jour, ça m'aurait pris des jours à la jouer, et il m'a aussi aidé à mixer ce titre. Mais il n'était pas dans le coin au moment de l'enregistrement du deuxième album et à l'époque j'avais constitué un groupe à Bordeaux.
Quelles sont les différences principales entre le premier et le second album de Monade ? La différence essentielle tient au fait que j'ai mis six ans à faire le premier ! C'est principalement moi qui en ai développé toutes les chansons, mais avec l'aide constante de quelques amis : Rosie et Mat de Pram, Mary, Jim O'Rourke, Noel Kupersmith, Tim... Quant au second il a été écrit sur une durée plus courte, et surtout il a été développé avec le groupe, on y sent plus l'énergie brute du groupe.
En ce qui me concerne, je préfère largement le second, quel regard as-tu maintenant sur le premier ? C'était une sorte de brouillon ? Oui, je pourrais dire que le premier a en quelque sorte été un essai. Je l'ai fait principalement pour mes amis qui soutenaient ma créativité, c'était d'une certaine manière pour les remercier. Je n'ai jamais pensé qu'il pouvait être du moindre intérêt pour qui que ce soit en dehors de mon cercle d'amis. C'est une étape qui m'a donné suffisamment d'assurance pour écrire ensuite d'autres chansons.
Maintenant qu'"Oscillons from the Anti-Sun" est sorti, avez-vous déjà commencé a travailler sur un nouvel album ? J'espère qu'on vous fera découvrir tous ces nouveaux bébés en live dans le cadre d'une soirée magnifique. L'album suivra, juste après... |  |  |  | | |  | |
|  |  | |  |