Propos recueillis
en novembre 2005


DERNIÈRE SORTIE :
"Capture/Release"


SITE OFFICIEL :
www.therakes.co.uk

LABEL :
fr.v2music.com
Par Christophe Lorentz  
Photos D.R.  

L’une des révélations anglaises de 2005 est certainement The Rakes, nouvel avatar irrésistible d’un revival post-punk revu et corrigé par la brit-pop. Avec un premier album imparable et des concerts cinglants, ce vigoureux quatuor londonien se présente comme le pendant éthylique et débraillé des très lisses Franz Ferdinand. Confirmation avec le rigolard chanteur Alan Donohoe.

Vous avez été comparés à Joy Division, notamment à cause de ta façon de danser sur scène, tandis que Paul Epworth, votre producteur, a rapproché le style de votre guitariste de celui de Bruce Gilbert de Wire. Est-ce que ces groupes sont des influences pour vous ?

Non, pas vraiment. La façon dont je bouge sur scène est plus influencée par Heineken ou la Vodka que par qui que ce soit de Joy Division (rires) ! Ce ne sont pas des références pour nous, et ce n’est même pas le genre de musique que j’aime. À propos de Wire, il faut savoir que Matthew Swinnerton, notre guitariste, n’écoute pas beaucoup de musique, il ne s’y connaît pas trop dans ce domaine. Le son de guitare qu’il a vient juste du fait qu’il commence par travailler sur une acoustique avant de passer à l’électrique, pour rajouter ainsi des effets un peu crades. Donc cela ne vient pas d’une quelconque influence de Wire ou Joy Division, ou même de toute la période post-punk. C’est juste que tout se met en place naturellement, et c’est ce qui fait le style de The Rakes, sans que nous tentions de reprendre quoi que ce soit d’un groupe ou d’une période.

Vos paroles et vos clips tournent autour du monde du travail et des pubs. Est-ce un point de vue sarcastique sur la vie de tous les jours en Angleterre ?
Oh, non. Les clips viennent de toute façon complètement après nos textes, ils sont juste là pour accompagner les singles, et l’essentiel est qu’ils ressemblent à quelque chose. Concernant les paroles, j’écris juste directement ce qui sort de mon cerveau. Effectivement, les textes de l’album tournent beaucoup autour du thème de la journée de travail, hormis Strasbourg, qui est quasiment le résultat d’une sorte d’écriture automatique. Mais ce n’est pas du tout sarcastique. Cela parle de nos vies : travailler, se saouler, essayer de rencontrer des filles… Parce que je déteste les groupes qui se disent : "Je vais écrire une chanson sur le travail", qui veulent absolument "avoir un angle, un point de vue". Nos chansons parlent de choses auxquelles on peut s’identifier, c’est une sorte de document. Aujourd’hui, la tendance chez les groupes guitare-basse-batterie anglais est de dire : "Je vais m’asseoir et écrire une chanson sur le monde du travail". Chez nous il n’y a aucune forme de sarcasme : nous écrivons sur ce que nous sommes.

Dirais-tu que vos paroles et vos musiques sont typiquement anglaises ?
C’est clair qu’il y a des chansons qui sont typiquement anglaises. Chanter à propos d'un pub de Weatherspoons, ou de cet endroit de Londres nommé St. Earl Street, va faire que certaines personnes ne vont pas comprendre à quoi nous faisons allusion : il faut être Anglais, ou connaître la vie nocturne des Anglais, pour comprendre certaines subtilités. Mais ce n’est finalement pas très important. Lorsque tu écoutes une chanson, tu n’as pas nécessairement besoin de comprendre exactement ce que signifie chaque mot. Et puis, nous avons aussi des morceaux qui racontent des histoires avec différents personnages, qui peuvent se dérouler dans n’importe quel pays au monde. Quant à la musique, je ne sais pas trop, car elle sort de nous très naturellement, et peut-être qu’elle est en effet typiquement anglaise.

C’est peut-être aussi pour cela que les gens vous comparent aux groupes anglais des années 80 ?
Oui, peut-être… Vu que nous sommes jeunes, nous n’avons pas réellement écouté ce genre de musique à l’époque. Mais sans doute qu’à force d’en entendre en arrière-fond un peu partout, ça a fini par ressortir dans notre musique. Et il semblerait que le fait de vivre en Angleterre nous donne un sens inné pour reconnaître de ce qui sonne bien à l’oreille. Sans doute que c’était pareil pour les musiciens de cette époque. Il y a peut-être quelque chose dans l’eau chez nous (rires).

Votre album est assez minimal, avec peu d’effets, des chansons très courtes et directes. Était-ce un choix délibéré ?
Pas vraiment. Souvent, nos chansons sont écrites pour être jouées sur scène, elles sont donc destinées à bien sonner en live, avec des passages pour taper dans les mains, ce genre de choses… En général, nous n’aimons pas ce qui est trop élaboré. Par exemple, j’adore Radiohead mais leurs morceaux sont si complexes qu’ils auraient pu être composés sur un ordinateur, et ça enlève selon moi le côté humain de la musique. C’est tellement mieux de sentir qu’il y a derrière tout cela une âme, qu’il y a réellement quelqu’un qui joue de la guitare, qui chante... Et au niveau du mix, nous faisons notre possible pour que les paroles soient audibles, nous mettons les textes très en avant. Parfois même, la musique est un véhicule pour les textes. Un peu comme dans le hip-hop, où le fait d’avoir un bon rythme et une musique qui t’accroche te permet de prêter l’oreille encore plus attentivement aux textes.
1/2