DERNIÈRE SORTIE :
"Nera"

SITE OFFICIEL :
www.myspace.com/romecm

LABEL :
www.coldmeat.se


Par Catherine Fagnot  
Photo D.R.  

La gravité, la tragédie, l'imagerie sombre et sobre, pas de doute nous sommes chez Cold Meat Industry. Autant d'indices qui interpellent, mais qui pourtant ne font pas doublon avec ce que l'on connaît déjà des formations accueillies par l'incontournable label suédois puisque sa dernière signature, ROME, dénote au royaume du dark ambient, même si le catalogue tend à élargir son nuancier depuis deux ans.

C'est par un six titres diffusé cet été et intitulé "Berlin" que l'on a découvert ce projet mené par un seul homme : le Luxembourgeois Jérôme Reuter. "Berlin" se situait quelque part entre neo-folk, dark ambient et pop sombre et nourrissait ainsi tous les espoirs d'un renouveau, ou pour le moins signait l'émergence d'un artiste hybride enthousiasmant. Hybride ? Forcément, puisque Jérôme a fait partie depuis l'âge de 13 ans de moult groupes, allant du punk à l'expérimental, en passant par le metal (le black metal même). Ses autres projets musicaux stagnants, même si officiellement toujours en activité, il décide de se consacrer alors à une nouvelle entité, en solo, ROME. L'Europe est son terrain de jeu. Jérôme a voyagé énormément, s'est installé consécutivement dans trois pays, et a ainsi nourri son écriture quotidienne ce qui explique l'usage régulier dans ses textes de l'allemand, l'anglais, l'italien ou du français. Il intègre alors logiquement les différents aspects culturels et les richesses de chaque langue à son travail. Abordé initialement comme une démo pour présenter son projet, "Berlin", qui n'a en fait alors pas encore de titre, séduit Roger Karmanik (le boss de CMI) qui décide de la sortir telle quelle, comme un teaser de premier ordre. Jérôme, lui, ne songe pas encore à ce moment-là à un album, même s'il a déjà une certaine quantité de morceaux prêts.

"Nera", l'album suit finalement à peine trois mois plus tard. Il confirme la personnalité de ROME. Conduits par une voix grave, mais modulée, les thèmes abordés tournent autour de la triste destinée d'hommes vaincus, pour en venir à son sujet de prédilection : la Guerre, qui s'immisce par le propos et par des samples (d'un film sur la Guerre civile espagnole pour À la faveur de la nuit par exemple) et les rythmiques martiales. Hanté par la notion de tragédie, le propos de ROME pointe le fait que l'Histoire est contée par les conquérants et non les vaincus, que la défaite ne doit pas être vue comme un abandon ou une perte et "ne se résume pas à une position passive". C'est dans cette perspective qu'on trouve dans sa musique une énergie sombre, latente, qui gronde et revêt des atours plutôt somptueux. Une force d'abord étouffée qui prend ensuite de l'ampleur et mène à la lumière.

À découvrir sur scène en janvier et février, au Luxembourg, aux Pays Bas et bientôt en France on l'espère.