Propos recueillis
en décembre 2005


DERNIÈRE SORTIE :
"No Certain Night Or Morning"


SITE OFFICIEL :
www.homevideooffice.com

LABEL :
www.warprecords.com
Par Christophe Labussière  
Photos Michal Karczewski  

La réponse de David à la dernière question de notre entretien justifie à elle seule l'intérêt qu'il faut porter à la musique de Home Video. Un croisement intelligent entre cold wave et electronica, savamment dosé et brillamment produit. Un travail appliqué sur lequel Collin pose avec délicatesse sa voix fragile.

Avant toute chose, les chansons de vos premiers EP sont comme un curieux croisement entre The Cure, Pale Saints, New Order et Radiohead. Est-ce juste une coïncidence (je ne te croirais pas !), un hommage volontaire ou bien seraient-ce simplement vos influences qui transparaissent ?

Ce n'est certainement pas une coïncidence, mais ce n'est pas non plus un hommage délibéré. En fait, il nous a semblé totalement impossible de ne pas laisser la musique que nous aimions transparaître dans nos propres compositions. Sinon, au final, nous n'aurions sûrement pas aimé ce que nous aurions fait. Mais cela ne veut pas dire que l'on s'applique à écrire des chansons qui sonnent précisément comme celles que l'on préfère. On est d'ailleurs plus inspiré lorsque, après avoir démarré un morceau basé sur ce guide inconscient de nos influences dont tu parles, nous faisons une découverte inattendue. Ça ne se produit pas à chaque fois, mais nous apprécions quand c'est le cas, parce que nous savons tous les deux que quelque chose de nouveau et d'intéressant et en train de se produire avec la chanson sur laquelle nous travaillons.

Est-ce agréable ou plutôt insupportable de lire chaque jour de nouvelles chroniques qui s'acharnent à trouver à chaque fois de nouvelles références dans votre musique ?
C'est parfois insupportable, et ça l'est encore plus pour Collin que pour moi. Il est le chanteur, et les journalistes semblent toujours se focaliser sur ce que leur rappellent les chanteurs... Quoique, récemment, nous avons été agréablement surpris par des comparaisons auxquelles nous n'avions jamais pensé jusque-là, mais que nous avons été contents d'entendre. Comme Genesis...

Vous avez créé un mix curieux entre un esprit cold wave et une sorte d'electronica. Quel était votre objectif quand vous avez commencé à écrire des chansons ?
En fait, notre objectif numéro un a toujours été de combiner de l'électronique synthétique "chaude" avec une instrumentation rock, chantée, en appliquant une production minimale, afin de créer une émotion maximale, instinctive. Nous sommes de grands fans de ces musiques qui te procurent un effet physique intense, ces musiques qui parviennent à t'entraîner ailleurs. Nous trouvons ça sublime.

J'ai lu dans votre biographie que vous avez été découvert par le label Warp. Comment ça s'est passé ?
En fait, ils n'ont pas été les premiers à nous découvrir, ils ont été les premiers à sortir nos enregistrements. Nous avions été d'abord contactés par un autre label, mais nous étions en relation avec les gens de Warp depuis que nous avions vécu à Londres en 2001. Je les connaissais donc plutôt bien. Lorsque je leur ai dit que nous avions une autre proposition, ils nous ont demandé de patienter avant de prendre notre décision, afin qu'ils puissent prendre le temps de s'intéresser à notre musique et éventuellement prendre la décision de nous signer. Ce qu'ils ont fait rapidement.

Vous avez déjà fait quelques concerts. Votre musique est cérébrale, sensuelle, comment parvenez-vous à garder ce feeling sur scène ?
On essaye de faire de notre mieux, et je pense que nous en sommes arrivés à un point où ce que nous faisons est réussi. Sur scène nous avons un batteur, et ça fait une différence évidente, ça nous donne un son plus "gros". Une musique cérébrale et sensuelle peut avoir un "gros" son. La contrepartie ennuyeuse c'est la difficulté qu'il y a à équilibrer convenablement ce son live avec le son très produit de l'album, tout en préservant sa délicatesse électronique.

Vous êtes originaires de la Nouvelle-Orléans et avez immigré à New York. Quel a été l'impact de ce déménagement sur votre vie ?
Collin et moi avons quitté la Nouvelle-Orléans juste après le lycée, pour partir à l'université. Je me suis retrouvé à Boston, et Collin à New York. Il s'est donc installé ici trois ans avant moi. Mais vivre à New York a irrémédiablement changé les choses. Tu te sens plus "connecté" sur tout ce qui se passe, et avant tout le monde. Lorsque je suis arrivé ici et que j'ai commencé à chercher un travail dans l'industrie musicale, je me suis retrouvé brutalement immergé dans un univers de nouveautés, de disques à la mode que, pour la plupart, je n'aimais pas vraiment. D'une certaine manière, ça nous a donné confiance et ça nous a permis de voir ce que faisaient les autres groupes, et surtout ce qu'ils ne faisaient pas, et ça nous a ainsi permis de prendre des options inédites. Collin était ici le 11 septembre, il était même très proche lorsque ça c'est produit, et je sais que la façon dont il a réagi s'est répercutée dans certains de ses textes.

Trois titres de l'album "No Certain Night Or Morning" proviennent de vos premiers EPs, pourquoi ces trois-là ?
That You Might et Dialogue Box" ne sont sortis qu'en vinyl 10" chez Warp, et nous avons considéré ce disque comme un single, une sorte de teaser de l'album, bien qu'il soit sorti deux ans plus tard. We était sur le EP "Citizen" et c'est l'un de nos titres préférés, il était inconcevable de ne pas l'inclure sur l'album.

Le clip de Sleep Sweet est vraiment étrange, en parfaite adéquation avec l'ambiance du morceau. De quelle façon vous vous êtes investis dans sa réalisation ?
Nous nous sommes tous les deux totalement investis dans le tournage de "Sleep Sweet", nous l'avons filmé et réalisé nous-mêmes. C'était vraiment fun, bien que par moment plutôt difficile. Dès que nous avons vu les premiers résultats des premières séquences, nous avons pu constater que l'effet "magique" que nous souhaitions réaliser fonctionnait parfaitement bien. Nous pouvions poursuivre. On était vraiment hyper excités et on a travaillé d'autant plus dur pour être sûr de bien tout terminer. J'ai accroché un sac-poubelle au dos de mon seul costume en évitant au maximum de l'abîmer lorsque je glissais allongé sur le dos, surtout dans la forêt, en me déplaçant de 5 cm par 5 cm. Quant à l'effet de lévitation, il est réel !

Si tu avais deux disques, un de cold wave et un d'électronica à retenir, lesquels choisirais-tu ?
The Cure "Faith"
Boards of Canada "Music Has the Right to Children"