|  Propos recueillis en septembre 2007
DERNIÈRE SORTIE : "Baby Face Nelson was a French Cowboy" |
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|  |   |  |      | Par Christophe Labussière | Photos D.R. |
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|  | L'histoire de The Little Rabbits s'est arrêtée en octobre 2005. Après 17 ans de musique, de délire, et seulement cinq albums. Une aventure hallucinante qui les aura transportés d'une french pop plutôt sucrée à des délires parfois inclassables et souvent plus âpres, lorgnant au final plus du côté de l'Arizona que de leur Nantes natale. Pourquoi avoir arrêté un projet dont l'énergie semblait inextinguible et reprendre aussi vite dans une voie qu'on pourrait croire similaire ?
Je suis obligé de commencer par là : qu'est-ce qui a sonné la fin des Little Rabbits ? Disons que c'était devenu une machine trop complexe. Nous n'avions plus aucun recul sur nous-mêmes. Chacun envisageait le groupe selon sa lanterne, sans vision globale, alors ça n'avançait plus. Il fallait discuter de tout. Et moi, j'empilais les chansons dans mon disque dur, comme à titre posthume. Un beau jour, je me suis dit qu'il était temps pour moi de me débrouiller tout seul, que ça foutrait un bon coup de pied au cul à chacun et puis finalement, c'est moi qui me le suis pris, le coup de pied au cul.
Tu n'as eu aucun regret d'enterrer ces petits lapins qui avaient survécu aussi longtemps et si brillamment ?! Si. Et en même temps, ça m'a fait du bien, je me suis senti tout neuf.
Quel est ton meilleur souvenir ? Quand on jouait Karen pour nous-mêmes, dans le château qu'on nous prêtait dans le patelin de nos parents. On se prenait pour des pionniers.
Quand le groupe a splitté, à ce moment-là, tu devais reprendre du service sous le nom de French Cowboy. Et c'est finalement avec Dillinger Girl and Baby Face Nelson que tu es réapparu... Disons que le projet avec Dillinger Girl, je comptais le faire avec Stéphane, en duo, parce qu'il a une belle voix et qu'il sait sublimer mes parties guitares. Et puis est arrivée Dillinger Girl, elle a voulu faire la même chose, alors j'ai demandé à Éric et Gaëtan de rajouter la batterie-basse pour les Cowboy. Mais au départ, je voulais juste faire un truc rapidement, qui ne mange pas de pain, profiter de l'élan.
Et sur l'album de French Cowboy, tu reprends trois titres de Dillinger Girl... French Cowboy, c'est Dillinger Girl sans Helena Noguerra ? Tu peux éclaircir tout ça ? Je crois que je viens de le faire... Mais c'est vrai que c'est assez complexe. Et d'ailleurs, les deux enregistrements dont tu parles sont antérieurs à l'album avec Dillinger Girl. Disons qu'au départ, juste après avoir splitté les Rabbits, en juin, je me suis mis à écrire des tas de chansons à la guitare acoustique. J'avais envie de rechanter, j'entends par là, chanter des mélodies, comme lorsque j'ai commencé la guitare à 17 ans. Je les ai maquetées dans mon salon, la nuit, tout doucement parce que ma compagne et ma fille dormaient. J'en ai fait vingt, ça s'appelait "Songs for Estelle", en hommage à une amie très proche que j'avais à l'université, qui est morte il y a une dizaine d'années. Je les ai proposées à Dillinger Girl en lui disant, "Prends celles que tu veux, (elle était censée n'en prendre que deux ou trois) mais sache que je compte aussi les sortir par moi-même". Elle en a pris dix. Alors j'ai voulu sortir les deux albums en même temps, le même jour (celui avec Dillinger et celui avec les Cowboys), seulement les deux maisons de disques m'ont dit que c'était stupide, que les deux albums se boufferaient, elles n'ont pas voulu. Elles ont été connes parce que c'était une super idée -je n'en démords toujours pas- et en plus, cela aurait empêché toute équivoque. Finalement, on a fini par monter notre propre label pour les Cowboys, pour inventer notre vie. D'ailleurs, il s'appelle Havalina Records, je me permets.
Concernant Helena, elle a travaillé avec Marc Collin pour Ollano et Indurain, avec Olivier Libaux, puis avec toi, qu'est-ce qui la rend irrésistible ? Je crois que pour le coup, c'est moi qui ai été irrésistible.
L'album de French Cowboy n'aurait pas pu être le nouvel album de Little Rabbits ? Non, l'album des Cowboys est un album que j'ai porté sur mon dos en solitaire pendant deux ans et demi, et que j'ai dirigé comme j'ai pu de A jusqu'à Z. Ce que je ne faisais plus au sein des Rabbits.
J'ai dévoré tes interventions sur le site Kostar.fr, qu'est-ce qui t'a pris de t'investir autant dans cette "carte blanche" ? Pour la première fois de ma vie, quelqu'un me proposait de mettre en vitrine toutes les choses que je faisais, tous mes bricolages. Moi, je ne suis professionnel de rien du tout. La technique m'emmerde, je survole tout juste les logiciels que j'utilise. Seulement, j'aime bien toucher à tout, à tout ce que je peux. Le son, l'image, pour moi tout ça, c'est la même chose. Une façon de se confronter au monde et à soi-même, de s'amuser tout seul, comme l'onanisme. Avec un ordinateur, finalement, on peut tout mélanger sans que cela demande un investissement extraordinaire -là, je parle de fric. L'exercice de Kostar m'a beaucoup plu, me plaît encore, je crois que je ne suis pas près de m'arrêter de leur pourrir leur site. D'une certaine façon, c'est un peu ma façon de vivre que j'y mets, en live. Merci Gregg, Sylvain et compagnie.
"Les colocataires", c'est quelque chose que tu avais fait par ailleurs ou bien tu l'a imaginé et réalisé spécifiquement pour Kostar ? Non, "Les Colocataires", j'en fais un de temps en temps, quand ça me prend et que je suis dans un endroit avec suffisamment de déguisement pour faire quatre types. J'ai commencé à faire les colocataires parce que je voulais faire semblant d'être acteur, parce que je voulais m'habituer, parce que dès que quelqu'un me filmait, je me mettais à rire stupidement et que ça m'emmerdait d'être comme ça. D'une certaine façon, je me suis entraîné tout seul chez moi à paraître un peu moins crétin.
Ta participation à ce site n'est censée durer qu'un mois, que vont devenir ces colocataires ensuite ? Je ne sais pas. Au départ, je n'étais pas vraiment censé les montrer. Je m'étais dit que j'en ferais de temps en temps, jusqu'à ce que j'y passe. À cinquante ans, si je suis encore vivant, je continuerai à en faire, les voir vieillir, voir s'ils sont toujours aussi débiles... et puis les compiler dans une cassette, plutôt à titre posthume.
Le film "Atomik Circus" était hallucinant. Vous n'avez pas eu d'autres occasions d'associer l'image à votre musique ? Pour un film, non. En même temps, c'est un sacré boulot, un peu rigide par endroits. Parfois, on essayait un morceau sur un passage, on se disait "Ça marche bien". Et puis un autre, "Ça marche bien aussi". Et ainsi de suite. C'est un sacré casse-tête. Tout le monde a sa bande-son originale, parce que tout le monde regarde des films. Je crois que c'est un travail personnel. Périlleux pour un groupe.
Musicalement, as-tu déjà réalisé des choses totalement seul, sans Little Rabbits, sans les French Cowboy ni personne ? Des milliards de démos, dont celles des Rabbits. Et je continue encore. Bon après, il y a à boire et à manger !
Est-ce que French Cowboy est supposé être ta nouvelle famille, quelque chose qui va durer dans le temps, ou bien est-ce que tu vas enchaîner avec d'autres projets ? Les French Cowboy, c'est ma famille la plus proche. On tirera plus d'un coup. Et ça ne m'empêchera pas d'aller flirter avec les cousins et les cousines, tout comme eux d'ailleurs. C'est ce qui fait la richesse. |  |  |  | | |  | |
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