Propos recueillis
en novembre 2007

DERNIÈRE SORTIE :
"Dream Logik Part One"


SITE OFFICIEL :
brainwashed.com/lpd/
Par Betrand Hamonou  
Photo D.R.  

L'hyperactivité d'Edward Ka-Spel est de notoriété publique. C'est malgré tout un choc de voir combien de projets l'Anglais est capable de mener de front. Pour l'année en cours, il sort deux albums solos, un nouvel opus de Tear Garden avec son ami cEvin Key de Skinny Puppy, et trouve le temps d'enregistrer le prochain Legendary Pink Dots tout en partant sur les routes d'Europe avec son groupe. Un tel amour de la musique force évidemment le respect, et aiguise notre curiosité.

Tu as été très productif cette année, en sortant à la fois des albums solo ainsi qu'un nouveau Tear Garden "The Secret Experiment". cEvin Key nous avait confié en 2004 qu' Ogre participerait au prochain Tear Garden comme il l'avait fait il y a des années sur "You And Me And Rainbows", mais ce n'est pas le cas. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

"The Secret Experiment" a commencé à prendre vie il y a 18 mois quand cEvin, qui travaille sans relâche lorsqu'il s'agit de musique, m'a envoyé un CD regroupant les idées qu'il avait enregistrées pour Tear Garden. J'ai beaucoup aimé ce que j'ai entendu et ça a été un sacré défi pour moi, tant ses rythmes étaient vraiment très complexes. J'ai passé la plupart de mon temps à chercher des clés dans ses morceaux, mais quand je les ai finalement trouvées, la logique à suivre est apparue évidente. Tant et si bien que nous sommes déjà en train de penser à une suite, à laquelle participera peut-être Ogre, justement.

La relation que vous avez développée avec cEvin est assez unique. Comment arrivez-vous à la maintenir au fil du temps ?
Nous sommes amis depuis 20 ans maintenant. C'est un peu comme une famille, et c'est certain que nous aimerions nous voir plus souvent. Malheureusement, la Californie où vit cEvin est si loin du fin fond des Pays-Bas où je suis installé. Ceci dit, nous sommes en train d'envisager de faire une tournée avec Tear Garden, ce qui ne va pas être si simple à organiser compte tenu de l'activité de nos groupes respectifs, les Legendary Pink Dots et Skinny Puppy.

Parle-nous de "My Brother's Keeper". Est-ce que son titre provient du Roman "Spin" de Robert Charles Wilson ?
Non, en fait le titre vient d'une expression anglaise "I'm not your brother's keeper", dérivé d'un passage de la Bible "Am I my brother's keeper ?" (Suis-je le gardien de mon frère ? -ndlr). Les paroles du titre dont tu parles sont inspirées d'une nouvelle d' Edgar Allen Poe que j'ai lue il y a des années, et dont je ne me souviens plus du titre. Les livres sont une source d'inspiration pour moi, et j'aimerais d'ailleurs avoir plus de temps pour lire. Les auteurs de science-fiction comme Harlan Ellison, Robert Sheckley et Keith Roberts sont mes préférés, et les mondes qu'ils créent dans leurs romans ont une réelle influence sur mon travail, c'est certain.

Parle-nous de "Dream Logik Part One", qui est assez différent de ce que tu as pu sortir récemment sous ton propre nom, et que je trouve difficilement accessible.
"Dream Logik" est un projet sur lequel je travaille lentement, depuis des années. Je me rends bien compte qu'il n'est pas mon album le plus accessible, et qu'il faut lui accorder plusieurs écoutes. Cependant, c'est un disque profondément personnel que je me devais de réaliser. Quant à la seconde partie, elle devrait être aussi complexe que celui-ci. Ceci étant dit, j'aime toujours les mélodies et les belles chansons, je ne les abandonne pas pour autant.

Depuis 2000, tu sembles donner plus d'importance à ta carrière solo que tu ne l'as fait pendant les années 90. Pourquoi cela ?
Il y a tant de choses personnelles dont je dois me débarrasser en ce moment, d'où cette forte activité en solo. Mais au jour d'aujourd'hui, j'accorde toute mon attention au prochain album des Legendary Pink Dots. Cette fois-ci, nous prenons tout notre temps pour le réaliser, puisqu'il ne devrait sortir qu'en février 2008. Nous en proposons cependant quatre titres en live durant cette nouvelle tournée européenne qui passera à Paris en décembre.

À propos de la tournée, il me semble qu'il a été difficile de trouver une salle où jouer à Paris cette fois-ci, non ? Le public français a-t-il changé d'après toi ?
Non, ce n'est pas le public qui a changé, ce sont les clubs. Il est devenu de plus en plus difficile de trouver des salles de nos jours, et notre salle parisienne favorite, "L'Échangeur", ne permet plus de faire de concerts en ce moment. Ceci dit, nous avons récemment joué sur un petit bateau à Lyon, le "Sonic", et ce fut une expérience adorable.

La dernière fois que vous avez joué à Paris, en 2005, vous avez proposé trois concerts en 24 heures, dont un happening un peu spécial dans une bibliothèque au nord de la capitale, le samedi après-midi. Tu aimes ce genre d'événements ?
Je suis toujours ouvert à ce genre de chose, en effet. On m'a d'ailleurs proposé de jouer un concert solo au moment de la nouvelle année à Paris. Je dois tout d'abord préparer de nouvelles chansons pour cette occasion très spéciale.

En 2006, les Legendary Pink Dots publiaient "Alchemical Playschool". Est-il à considérer comme faisant partie de la série des "Chemical Playschools" ?
Non, c'est en fait un disque à prendre à part, un one-off en édition limitée à 400 copies. C'est une expérience élaborée autour d'un thème, pour laquelle nous avons utilisé des enregistrements réalisés par Charles Powne (directeur du label américain Soleilmoon -ndlr) lorsqu'il a passé du temps en Inde. Il m'a invité à utiliser son double CD "Indian Soundscapes" et à en faire quelque chose de psychédélique avec les Legendary Pink Dots.

Le précédent album des Legendary Pink Dots, "Your children Placate you from Premature Graves" en 2005, était plutôt acoustique et mélancolique. Est-ce que le prochain va suivre la même voie, déjà ouverte sur "The Whispering Wall" en 2004 ?
Bizarrement, notre prochain disque me fait plutôt penser à "Any Day Now", en bien plus moderne bien sûr. C'est un album que je trouve très riche et extrêmement coloré, qui regroupe beaucoup de titres avec une construction couplet / refrain.