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Propos recueillis
en novembre 2007
DERNIÈRE SORTIE :
"(Listen For) The Rag and Bone Man" |
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| |  | |    | | Par Christophe Labussière | | Photos D.R. |
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Ce sont des hommes qui se cachent derrière And Also the Trees, et pourtant Simon Huw Jones s'est constamment appliqué dans l'entretien qu'il nous a accordé à refuser de l'admettre, préférant écarter toutes les questions trop personnelles, préférant s'intéresser au groupe, comme une entité complète. Ce ne sont pourtant que des hommes qui peuvent créer de telles émotions, et ça, il ne nous l'enlèvera pas de la tête.
Si vous prenez le temps de regarder en arrière, sur vos 25 ans de production musicale, quel est pour vous votre meilleur album ?
En ce moment, il y a "(Listen for) The Rag and Bone Man" qui coule dans mes veines. Tu peux imaginer comme c'est difficile pour moi de penser à autre chose qu'à ce disque.
Et quelle est votre meilleure chanson ?
Aujourd'hui Candace, hier The Beautiful Silence. Mais j'aime aussi beaucoup la chanson qui s'appelle Rive Droite.
Pourquoi sortir un nouvel album aujourd'hui ?
Nous sommes comme "amenés" à écrire la musique, ensemble. Ce n'est pas une décision, c'est juste quelque chose qui se produit en dépit de tout le reste... et tu peux me croire, la majeure partie du temps nous avons l'impression que tout le reste va contre nous. Mais nous aimons ce processus de création, nous aimons nous retrouver ensemble, comme musiciens et comme individus, et nous mettre à travailler. Et lorsque nous avons quelques idées que nous commençons à trouver valables, nous nous mettons à les enregistrer. Quand j'ai entendu les toutes premières sessions issues du travail de Paul et de Justin, avec Ian Jenkins qui jouait de la double basse, j'ai su que je devais absolument en être... Ça en devenait une vraie obsession.
Tu as fait quelques infidélités à And Also avec Bernard Trontin, tu n'as jamais été tenté de visiter d'autres horizons avec Justin ?
Pas vraiment. Nous ne passons pas beaucoup de temps ensemble en ce moment, et quand nous le faisons, c'est pour travailler sur la musique d'And Also the Trees. Je pense que Justin a un vrai potentiel, il est très doué pour la musique "ambient", mais il a choisi de développer ses idées dans de "vraies" chansons, des chansons d'And Also the Trees. Et je suis très content de ça.
Vous avez aujourd'hui près de cinquante ans. Quel regard avez-vous sur votre parcours ?
Ça a été plutôt intéressant jusque-là.
Si un génie pouvait changer une chose dans ta vie, qu'est-ce que tu aimerais que ce soit ?
Ça n'a rien à voir avec la musique et je ne pense pas que ce soit le lieu pour dire ce que j'aurais aimé changer.
Et dans ta carrière ?
Tu ne penses pas que si tu changeais une chose ça changerait tout le reste ? Je pense que si nous avions trouvé un vrai bon et sympathique manager, ça aurait été bénéfique pour le groupe. Un bon manager t'aide à ouvrir les bonnes portes et à faire que les choses se produisent.
Avec "Green is the Sea", vos productions ont pris leur premier virage, est-ce que vous-mêmes vous regroupez vos disques par "vague". Dans ce cas, de quelle façon ?
Non, nous ne sommes pas aussi "réfléchis" que ça, nous sommes plus instinctifs, comme l'est notre musique. Il y a parfois des choses qui se produisent, que nous ressentons, comme lorsque nous avons l'impression que nous devrions fuir certaines atmosphères, certains thèmes ou sons avant qu'ils ne nous engloutissent, mais les orientations, les "vagues", comme tu les appelles, ce ne sont pas des notions sur lesquelles nous aurions un contrôle conscient.
Quel est le sens du titre de votre nouvel album, "(Listen For) The Rag And Bone Man"?
C'est supposé être un titre plutôt ambigu, et en fait lorsque j'y pense, je ne lui donne pas toujours le même sens. À l'origine, les chiffonniers ("rag and bone men") allaient de maison en maison et collectaient des de vieux vêtements ("rag"), qu'ils utilisaient ensuite pour faire du papier, ainsi que des os, qu'ils utilisaient à l'époque dans la fabrication de la porcelaine. Les temps ont changé et les chiffonniers collectent maintenant tout ce qui peut leur servir ou qu'ils pourront vendre d'une manière ou d'une autre. C'est juste un titre, tu en fais ce que tu en veux, si tu ne l'aimes pas ce n'est pas grave. Mais la pochette de l'album est incontestablement splendide. Les photos ont été prises par un photographe français, Jérôme Sevrette. Ce n'est pas seulement un photographe de talent, c'est quelqu'un de vraiment génial.
L'album a été enregistré dans un manoir du 11e siècle, et achevé dans une chapelle victorienne dans l'East End à Londres. Vous mettez tout en oeuvre pour entretenir l'image "romantique" d'And Also the Trees ou bien est-ce que ces lieux ont une véritable influence sur votre musique ?
Je te promets que nous n'étions pas spécifiquement à la recherche de ce type d'endroit romantique. Nous nous étions juste préparés à enregistrer ailleurs que dans un studio, et lorsque nous avons commencé à chercher le bon endroit, nous étions ouverts à tous types de suggestions... ce dont nous avions besoin était de pouvoir installer notre équipement et travailler sans contrainte horaire. Le coût était naturellement un facteur majeur à prendre en compte. Nous avons envisagé de louer une maisonnette quelque part, et avons commencé à chercher, nous avons alors trouvé un petit théâtre qui nous plaisait, mais les dates ne correspondaient pas. Nous avions pensé à quelques studios d'enregistrement... mais c'est alors que Matthew Devenish, qui a enregistré l'album, a trouvé une grange qui était à louer. La grange dépendait en fait du "Hellens Manor", une étonnante bâtisse du 11ème siècle située dans la campagne du Herefordshire. il semblerait qu'elle soit hantée, mais je ne vais pas rentrer dans ce genre de détails, tu me prendrais pour un malade. Quoiqu'il en soit, ce n'était pas plus cher que ce que nous avions vu jusque-là, il y avait des pièces séparées, celle dans laquelle nous jouions pouvait était isolé des autres, l'acoustique était largement supérieure à ce que nous avions vu partout ailleurs, grâce à un plancher massif en chêne de 3 pouces d'épaisseur... que crois-tu que nous avons fait ? En ce qui concerne la chapelle dans l'East End de Londres, honnêtement c'était l'endroit le plus pratique et le moins cher que nous avons trouvé pour enregistrer les voix. Mais je comprends que ça puisse donner l'impression que nous montons ça de toutes pièces ou que nous cherchons volontairement uniquement des lieux comme ceux-là.
Et avant l'enregistrement, où ces nouvelles chansons ont-elles été écrites ?
La musique a été écrite dans une grande grange près d'une ferme dans le Worcestershire, là où nous répétons, et chez Justin, à Londres. Les textes à Genève. La pièce dans laquelle je travaillais se trouve dans une grande tour qui faisait partie d'un ensemble des années 60. C'était plutôt haut et je pouvais voir à la fois le ciel et les montagnes du Jura.
Est-ce que ta famille ou tes amis ont une influence ce la façon dont tu écris ?
Non, pas directement.
On t'imagine vivant seul dans un sombre monastère au fin fond d'une forêt hostile.. Tu as des enfants, une famille avec qui tu regardes des séries TV ?
J'ai une femme, deux enfants, et beaucoup d'esclaves à nourrir et qui me divertissent... je n'ai pas besoin de télé !
Vous n'avez jamais vraiment fait partie d'une scène musicale, d'un mouvement. Ce sentiment de "solitude", de "singularité" il n'y a pas des jours ou cette situation aura été dure à supporter ?
Si, et il y en a eu beaucoup ces derniers temps. Nous ne ferons jamais partie d'une scène ou d'un mouvement, mais je sais que nous ne sommes pas tant que ça "en dehors", comme nous avons pu l'être lorsque nous vivions tous à la campagne. Il y avait un moment pour ça, et il est maintenant révolu. Personnellement, j'ai aimé vivre dans une grande ville, rencontrer d'autres musiciens, des personnes investies dans la musique, dans l'art. Ça apporte des choses vraiment positives.
Aujourd'hui de quels artistes, de quels parcours d'artistes, vous sentez-vous proche ?
Franchement, je ne vois pas.
Quand vous êtes sur scène, le public attend en général tous les meilleurs morceaux d'And Also the Trees. Ça vous ennuie ou bien est ce que vous prenez toujours plaisir à jouer ces chansons ?
Nous avons récemment joué à Freiburg dans une petite salle devant un public vraiment enthousiaste, et les applaudissements étaient plus nourris après nos nouvelles chansons, que personne n'avait pourtant entendues avant. Ce n'est donc pas systématiquement que les gens attendent que nous interprétions nos "hits", et sincèrement, je ne pense même pas que le public attende pour ces chansons à nos concerts. Une des particularités de notre public, et c'est à vrai dire ce qui le caractérise, est qu'il est exceptionnellement attentif. Mais pour répondre à ta question, nous ne jouons pas de chansons sans sincérité, sans passion. Il y a même des titres que nous avons arrêté d'interpréter parce que nous ne les ressentions plus comme il le fallait. Et si nous éprouvions de l'ennui à les jouer, il était plus raisonnable d'arrêter de le faire. Mais chaque fois que nous jouons Slow Pulse Boy, je suis comme emporté, c'est très particulier. Ça ne se produit pas lorsque nous répétons, ni quand j'écoute les disques, mais sur scène, je suis pris par un sentiment vraiment unique. Et la chose la plus curieuse est qu'à chaque fois je ressens cette émotion comme si c'était la première fois. Parfois, ça ne se produit que quelques secondes, d'autre fois ce sentiment dure pendant toute la chanson. C'est une impression étrange, qui d'une certaine manière ressemblerait à la sensation de glisser dans un autre monde.
En 2007, après tant de concerts, tant de salles visitées, qu'est-ce que vous avez en tête à la seconde ou vous entrez sur une scène ?
Tout bien réfléchi, je ne trouve pas que nous avons fait tant de concerts. Parfois même, je le regrette. Mais le côté positif, c'est que lorsque nous jouons en live, nous savourons encore plus ces moments. Nous cherchons d'ailleurs toujours de nouvelles dates, nous espérons tous que nous pourrons jouer toujours plus. | | | | | | | |
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