|  Propos recueillis en octobre 2009
DERNIÈRE SORTIE : "A Perfect Solution" |
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|  |   |  |      | Par Stéphane Colombet | Photos D.R. |
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|  | Le duo anglais de Mesh revient cet automne sur le devant de la scène synthpop avec "A Perfect Solution", sans doute leur album le plus percutant à ce jour. Pour bien comprendre ce regain de vitalité, un entretien avec Richard Silverthorn, le musicien du groupe, s'imposait. Un échange réaliste et sincère au beau milieu de leur tournée européenne.
Votre dernier album, "A Perfect Solution", montre un vrai changement par rapport aux précédents. Les rythmes sont plus soutenus, les sons sont plus lourds que par le passé. Les morceaux sont plus énergiques que jamais. Est-ce l'expression d'un retour aux sources ou est-ce le résultat d'une mutation profonde ? Cela peut effectivement être interprété comme un retour à nos origines. Mark et moi n'avons jamais réellement fait de plan quand on a commencé à travailler sur ce nouvel album. Nous écrivons juste les paroles, la musique, et on voit ce que cela donne. Je pense effectivement qu'avec ce disque j'ai voulu que l'on aille dans une direction plus énergique. Avec "We Collide", nous souhaitions faire quelque chose un peu plus commercial, presque pop, mais avec "A Perfect Solution", nous avons souhaité revenir à nos origines, mais en le faisant d'une manière moderne. Je pense que nous y sommes arrivés. Cet album a une structure électronique très forte grâce à plusieurs vieux synthés analogiques, mais, avec les guitares et certaines techniques d'enregistrement, il a aussi une attitude vraiment rock. Nous n'avons subi aucune influence extérieure d'une maison de production et ce disque n'est le résultat d'aucun compromis à l'intérieur même du groupe. Je pense que Mark et moi avons la même sensibilité musicale et ce disque en est la preuve. Je sais que c'est toujours un peu cliché, mais nous pensons vraiment que c'est notre meilleur album. Nous l'avons écrit avec le cœur et en étant détachés de toute préoccupation de succès commercial et financier.
À ma connaissance, le titre Who Says est le premier duo de Mesh. Ce titre sonne d'ailleurs différemment des autres morceaux. Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment votre choix s'est-il porté sur cette charmante personne ? Êtes-vous satisfaits du résultat et pensez-vous qu'il y a aura d'autres duos dans l'avenir ? Avec cette chanson, j'ai d'abord écrit un morceau de musique pour que Mark y ajoute ensuite des paroles. Quand il a commencé à chanter ce qu'il avait écrit, j'ai tout de suite considéré que ses paroles ressemblaient à une dispute entre deux personnes. La répétition de certaines phrases laissait penser qu'il y avait quelqu'un qui lui répondait ; c'est ce qui nous a donné l'idée d'utiliser une autre voix. Nous connaissons Julia depuis des années et elle est devenue une bonne amie. J'ai même récemment remixé un morceau de son groupe, Technoir. Je savais que si je lui demandais une telle participation, elle le ferait, rapidement et professionnellement. Je lui ai donc envoyé le morceau par internet et 24 heures après il m'est revenu avec sa voix dessus. C'est effectivement la première fois que nous avons utilisé une autre voix sur nos morceaux, mais cela a permis de capturer exactement l'esprit de ce que nous étions en train d'essayer de créer.
Comme vous l'avez fait sur plusieurs anciens albums et titres passés, la plupart des chansons d'"A Perfect Solution" se terminent sur des compositions instrumentales magnifiques d'une minute ou plus. Quel effet voulez-vous créer en terminant vos morceaux de cette manière ? Nous adorons créer ces petits morceaux de musique ; nous les appelons des "particules". C'est assez libératoire pour nous d'ajouter quelques sons à nos chansons sans être prisonniers de leur structure. Je laisse généralement dans les musiques que je compose des espaces pour que Mark puisse y poser ses paroles, mais, avec ces petites séquences, je peux aussi faire exactement ce que j'aime. "We Collide" est le seul album sur lequel nous avions décidé de ne pas insérer ces petites plages musicales, mais certains de nos fans s'en sont plaints... alors, on a décidé de recommencer.
Mesh est sans doute le plus populaire des groupes ayant décidé de signer sur le label allemand Dependent. Pourquoi ce choix, alors que Dependent a toujours été, au moins dans le passé, considéré comme un label très axé sur la musique électronique industrielle ? Quand nous avons terminé "We Collide", nous n'étions plus liés avec aucun label. Nous avons alors décidé que nous ne voulions pas nous précipiter pour signer un nouveau contrat, mais que nous étions plus intéressés par le fait d'écrire un nouveau disque, en étant détachés de toute influence extérieure. Lorsque nous avons presque terminé "A Perfect Solution", nous avons alors convenu de discuter à nouveau avec des labels. Nous avons reçu quelques offres, mais nous cherchions en réalité quelqu'un qui s'intéresse vraiment à nous et à notre musique plus qu'à une rentabilité financière dictée par une approche business. Stefan Herwig, le boss du label Dependent, nous a approchés et nous avons organisé un rendez-vous. Nous avons alors apprécié son discours : il ne nous a pas fait des promesses stupides, il a juste exprimé des idées et son enthousiasme. L'honnêteté paie avec nous, et sur le long terme. Nous avons donc pris la décision de travailler avec lui et avec Metropolis pour le marché américain.
Stefan Herwig est considéré comme l'un des plus grands défenseurs de la musique indépendante face au téléchargement illégal sur internet. Quelle est votre position sur ce sujet ? Stefan est un garçon très intelligent qui réfléchit beaucoup à ces questions. Il fait tout ce qu'il peut pour protéger un business très vulnérable. Je partage ses idées. Je pense que le marché de la musique a souffert considérablement ces cinq dernières années, et cela a eu des effets sur nous comme sur les autres artistes. Les labels ne veulent plus investir des sommes importantes pour soutenir de nouveaux artistes de peur de ne pas, au moins, pouvoir se rembourser. Je pense qu'il faut s'adapter quand on veut continuer à faire ce qu'on aime. Nous nous sommes retrouvés dans des situations où certains labels étaient prêts à nous donner de très gros budgets pour faire un album... mais ces sommes achètent-elles notre créativité ? Pas vraiment en réalité. Cela rend juste la vie plus facile. J'espère seulement que les gens vont continuer à acheter de la musique, qu'il s'agisse d'un CD ou sur iTunes. J'ai juste peur que la musique finisse par ne plus compter, ne plus avoir de valeur aux yeux des gens. Je pense que nous vivons dans une société où la jeune génération pense simplement que la musique est gratuite...
Pensez-vous que le public français peut espérer voir Mesh sur scène dans un futur proche ? Oui, je l'espère. Actuellement, nous avons une liste de dates pour la première partie de notre tournée, mais je suis confiant dans le fait qu'il y aura plus de dates plus tard. Nous avons joué à Paris il y a quelques années dans le cadre d'un festival avec Apoptygma Berzerk et New Model Army. Je pense qu'un concert de Mesh en France est quelque chose que nous devons depuis longtemps à notre public français. |  |  |  | | |  | |
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