|  Propos recueillis en septembre 2010
PROCHAINE SORTIE : "Event Horizon" (2011) |
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|  |   |  |        | Par Christophe Labussière | Photos D.R. |
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|  | La première sensation que l'on ressent au contact de Mohini et de sa musique est une sorte de frémissement, léger, imperceptible mais durable. Attentionnée, appliquée, Mohini détient quelques pouvoirs d’attraction assez étonnants. En warm-up de son premier album, apprenons à la connaître et écoutons ses secrets qui la rendent pour le moins attachante.
Peux-tu te présenter ? Mon nom est Mohini Geisweiller. Je suis née à Paris et j'ai grandi dans un village perdu en pleine campagne, dans une communauté, vers Besançon. Je suis musicienne. Maintenant, j'habite à Paris.
Quels sont les disques qui t'ont marqué, qui t'ont donné envie de faire de la musique ? Bon alors en premier : “Radioactivity” de Kraftwerk, “Mimi's Utilities” de Mimi Majick, “The Sound of Silence” de Simon and Garfunkel. “Pool” de Donna Regina, “Hawks and Doves” de Neil Young, “I Am Your Man” de Leonard Cohen, “Seventeen Seconds” de The Cure. Et des B.O de films, “Midnight Express” et “Scarface” de Giorgio Moroder. Ou encore le “Crockett's Theme” de Jan Hammer dans la série “Miami Vice”.
Avant cet EP "solo", tu faisais partie de Sex In Dallas, tu peux m'en dire plus sur ce projet ? C'est un groupe que nous avons fondé à trois, avec Jean-Marc Soulat et Adrien Walter. On a fait un album, “Around the” War, signé sur Kitty-Yo, qui a pas trop mal marché en Angleterre et en Allemagne. On vivait à Berlin, mais on jouait dans des clubs un peu partout. On était tout le temps ensemble, on se droguait beaucoup, trop... C'est devenu assez vite infernal, et un jour je me suis cassée. J'ai alors continué la musique comme avant, mais seule, et j'ai arrêté de sortir.
Et ensuite tu as participé à quelques campagnes de pub, ça s'est passé comment ? Avec Sex in Dallas on avait eu quelques articles et quand je suis rentrée a Paris, Vanessa Bruno m'a demandé de faire sa campagne aux Seychelles avec le photographe Mark Borthwick. C'était la première fois de ma vie qu'on me payait pour allez sauter dans les vagues, et bon, c'était aussi un peu la dernière... Après, j'ai aussi participé à deux ou trois autres trucs avec Isabel Marant... et puis voilà.
Sur ton EP, tu as tout écrit et composé ? Oui, sur mon ordinateur, dans ma chambre ou dans des coins un peu loin de tout. J'enregistre ma voix sur un petit micro, et même si nous la reprenons en studio ensuite, en général, j'aime avoir quelque chose de très élémentaire, des sons bruts directement sortis de l'ordinateur et une voix naturelle, sans effet, où on entend encore la respiration.
Il est d'usage de s'entourer de pointures et de noms "connus" dès qu'on débute sur la scène électro Française. Si ça a le mérite d'attirer l'attention, ça peut vite rendre suspect... Poni Hoax et Koudlam t'ont offert deux remixes sur cet EP, comment sont nées ces collaborations ? Est-ce toi qui a fait appel à eux ou est-ce ton label qui te les as servis sur un plateau ? Avec Gwen (Koudlam) on se connaît depuis des années, on a déjà bossé ensemble, on a même fait un concert, bien avant qu'il ne sorte son “Live at Teotihuacan” ou que moi je ne signe chez Columbia. Pareil avec Nicolas des Poni Hoax, que je le connais depuis sept ans. Quant au troisième remix, c'est Jean-Marc avec qui j'ai fondé Sex in Dallas qui l'a fait avec Pierre, avec qui j'avais aussi déjà travaillé. Donc bon.. Pour moi, c'était important qu'ils soient là pour mon premier E.P. Je viens d'enregistrer un morceau pour le nouveau projet du label Pan European Recording, je vais peut-être aussi intervenir sur le prochain album de The Micronauts, que j'avais rencontré pour la première fois quand j'étais étudiante. J'ai grandi dans une utopie où l'idée de la famille n'existe pas, mais bizarrement, j'ai toujours besoin de liens quasi familiaux autour de moi.
Voilà quelques références auxquelles on peut penser quand on écoute ta musique, dis-moi pour chacune d'entre elles de quelle façon elles te font réagir : Eli (et Jacno), Air, Charlotte Gainsbourg, Télépopmusik, Autechre, Nico, Miss Kittin... ? Autechre je ne connais pas assez, et mis à part Aphex Twin qui m'a tellement marqué, j'écoutais assez peu d'électronica, plus souvent de la techno, surtout Derrick May, Juan Atkin et Drexciya. Pour Eli et Jacno, j'aimais beaucoup “Triangle”, je me sens plus proche de Jacno que d'Eli en fait, les Air aussi, j'aime pas mal de leurs titres. On me parle souvent de Nico, j'ai toujours pensé que c'était à cause de la réputation trash de Sex in Dallas, à part ça j'aime bien Camera Obscura et puis le Velvet, enfin quelques morceaux du Velvet. Pour Miss Kittin ça me rappelle vraiment toute une époque ; on écoutait “Radio Caroline” dans la voiture, l'été où nous sommes arrivés à Berlin. Elle y habitait depuis longtemps, et quand on a sorti notre premier maxi, on a tout de suite voulu avoir un remix de The Hacker.
Le clip qu'a réalisé Danakil pour Milk Teeth est splendide, tu peux m'en parler ? Qu'est-ce qui t'a amené à travailler avec lui ? Comment s'est passé le tournage ? J'adorais ses expos et sa vidéo pour Antibodies de Poni Hoax. Nous nous connaissons depuis cinq ans maintenant, alors il a accepté de s'occuper de l'image autour du EP et de l'album, des pochettes, des vidéos. Ses images sont toujours uniques, très fortes et sans référence, il passe beaucoup de temps dans la nature et j'aime sa vision, ses narrations étranges. Nous avons tourné au début de l'été avec cette créature qu'il avait dessinée, elle représentait mes angoisses, une part de moi même mais elle faisait surtout beaucoup de bruit en "respirant". Les plans où je suis sous l'eau dans une piscine en verre étaient géniaux à tourner, ça a été mes seules vacances de l'été en fait.
Avec tes prochaines participations comme “guest” aux deux projets dont tu viens de me parler, alors que ton album n’est pas encore sorti, tu n'as pas peur de devenir une invitée de luxe comme l’est pas exemple depuis des années Helena Noguerra, et cela sans vraiment t'imposer personnellement ? Ce sera la première fois que je chanterai sur un morceau que je n'ai pas composé, ou au moins co-composé en fait. Donc non, je n’ai vraiment pas cette peur-là.
Quelles sont tes ambitions maintenant, faire des DJ sets, des lives ? Après l'EP, mon album va sortir chez Columbia, début 2011. Je réfléchis pour le live, je ne sais pas trop encore. En revanche je commence à composer des nouveaux morceaux, là, dès que j'ai du temps, je ne voudrais faire que ça. |  |  |  | | |  | |
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