Propos recueillis
en avril 2011


DERNIÈRE SORTIE :
"Blind Sound"


SITE OFFICIEL :
www.inthenursery.com

LABEL :
www.inthenursery.com
Par Bertrand Hamonou  
Photos D.R.  

Avec "Blind Sound" sorti juste avant l’été, In The Nursery place une nouvelle fois la barre très haut en publiant peut-être l’un de ses meilleurs albums, à classer aux côtés de "L’Esprit", "Groundloop" et "Anatomy of a Poet". Comment Klive et Nigel Humberstone arrivent-ils aujourd’hui encore, après plus de vingt albums à leur actif, à nous ravir de ce mélange unique entre percussions, chant martial et arrangements néoclassiques ? C’est une des premières questions que nous avons voulu leur poser.

"Blind Sound" est le premier véritable album d’In The Nursery depuis 2007. Depuis vous avez surtout travaillé sur votre projet parallèle de musique pour films muets, la fameuse série "Optical Music". Que nous réserve ce nouvel album ?
Nigel :
"Blind Sound" est effectivement notre premier véritable disque depuis 2007 et il sort à temps pour célébrer les trente ans d’In The Nursery, puisque notre tout premier concert a eu lieu à l’Art College de Sheffield en juin 1981. D’une certaine manière, "Blind Sound" est le reflet que nous avons de notre musique et sur nous-mêmes. Pour nous, le son n’a pas de frontière.
Klive : Lorsque nous avons commencé à regrouper les idées pour cet album, en juillet 2010, nous voulions écrire des chansons que nous jouerions sur scène et la plupart d’entre elles a dès le départ été créée de manière très rythmique, très percussive.

À quoi ressemble une journée type d’In The Nursery au studio ?
Nigel :
Typiquement, nous arrivons au studio à partir de 9h30, nous travaillons sur les nouveaux titres, nous échangeons nos idées l’un avec l’autre. Ensuite, nous invitons d’autres musiciens à nous rejoindre, soit la nuit, soit pendant les week-ends, afin qu’ils embellissent nos arrangements. Sur "Blind Sound", nous avons fait appel à des musiciens extérieurs pour le violon, le violoncelle, la harpe et la clarinette. Ensuite, vient l’étape d’édition ; nous ajoutons de nouvelles touches ici ou là, puis nous écoutons les différents mixes qui deviendront les morceaux finaux. C’est un processus intense, mais très satisfaisant. C’est un voyage créatif vers lequel tu te retournes lorsque tu as terminé en te demandant comment tu as fait pour arriver au résultat final en partant d'aussi loin !

Après avoir sorti autant de disques, comment arrivez-vous à toujours trouver de nouvelles idées ? Vous arrive-t-il de jouer quelque chose en studio et de vous dire tout à coup "est-ce qu'on n'aurait pas déjà enregistré ça sur tel album" ?
Nigel :
Je ne me souviens pas m’être retrouvé dans une telle situation où l’on se répéterait… non. Il peut y avoir clairement quelques similarités avec d’anciens titres, mais cela vient plutôt de notre style propre, et dans ce cas le nouvel album n’y échappe pas.

Qu’en est-il de votre projet Les Jumeaux dont le second et dernier album date de 1997 ? Vous avez mis ce projet de côté ?
Nigel :
J’ai bien peur que oui, nous n’avons rien en vue de ce côté-là pour le moment.

Récemment, vous avez composé la bande-son de "12 Angry Men" avec Rob Skeet. Comment se fait-il que l’enregistrement ne soit pas paru sur l’un de vos disques de la série Optical Music ?
Klive :
"12 Angry Men" fut un très bon projet sur lequel travailler. L’idée première était simplement de composer et de jouer cette musique minimale lors d’une série de représentations au Sheffield Law Courts, dans le cadre du festival Sensoria. Ce film de 1957 ne laisse que peu de place à la musique, car il y a beaucoup de dialogues. Jouer de la musique et des effets sonores par-dessus les dialogues peut déconcentrer du film lui-même, il nous fallait choisir avec soin les passages où nous devions intervenir. La musique que nous avons créée avec Rob Skeet s’adapte parfaitement à l’ambiance, mais ne justifie pas la sortie d’un disque en tant que tel. On aime plutôt le voir comme une collaboration, une performance unique en quelque sorte.

Comment se fait-il que personne ne vous ait contacté pour jouer l’un des disques de votre série Optical Music en France ?
Klive :
Nous avons pourtant bien essayé d’approcher plusieurs cathédrales françaises afin d’y jouer "The Passion of Joan of Arc". Rien ne s’est concrétisé jusqu’ici, mais ce serait fantastique de pouvoir jouer notre musique lors d’une représentation à la cathédrale de Rouen un jour.

Vous a-t-on approché pour composer la musique d’un film plus récent ?
Nigel
: Non, nous n’avons toujours pas eu cette chance, mais d’une certaine manière, nous sommes ravis de continuer l’aventure à notre façon, en composant la musique qui nous plaît plutôt que de nous compromettre pour d’autres.

Aujourd’hui, l’industrie du disque réédite à tout va des quantités d’albums en vinyls. Est-ce quelque chose que vous avez en tête avec votre label, ITN Corp, surtout que vos anciens LPs s’arrachent à prix d’or sur internet ?
Nigel :
C’est flatteur de voir nos disques atteindre ces sommes, mais personnellement, je crois que le prix est surtout dû au fait qu’ils sont rares plutôt que leur simple condition de disques vinyls. Nous n’avons d'ailleurs jamais été de grands fans du vinyl et nous préférons que notre musique soit écoutée sur d’autres formats. D’ailleurs, nous avons sorti une édition limitée du CD de "Blind Sound", avec un packaging spécial dans une boîte en métal, accompagné d’un artwork un peu particulier, scellé avec une inscription en braille, et disponible uniquement via notre mailorder. J’imagine que cet objet va à son tour devenir un collector dans les années à venir.

À propos, comment écoutez-vous vous-mêmes de la musique ? Vous êtes plutôt CD, vinyl, MP3 ?
Klive :
Je possède une vaste collection de vinyls, de cassettes, de CDs et de MP3s, dont je n’arrive pas à me séparer… Tristement, mes vinyls et mes cassettes sont dans un espace de stockage. Quant aux CDs, je ne les écoute plus, je n’écoute que leur version digitalisée… En fin de compte, aujourd’hui, je n’écoute plus que des fichiers digitaux.

Il y a aujourd’hui beaucoup de groupes qui s’inspirent de ce que vous avez pu faire tout au long de votre carrière. Je pense à Subheim, Undermathic, et tant d’autres provenant de la scène IDM. En êtes-vous conscients et vous arrive-t-il de les écouter ?
Nigel :
C’est flatteur de pouvoir inspirer d’autres artistes, mais pour être honnêtes, nous n’écoutons pas beaucoup ce genre de musique électronique. Nous sommes très insulaires dès lors que nous créons notre propre musique, afin de ne pas être affectés par ce qu’il se passe autour de nous.

En parlant d’inspiration, vous aviez repris le Love Will Tear us Apart de Joy Division sur "Cause & Effect" en 2002. Est-ce que c’est quelque chose que vous aimeriez refaire ?
Nigel :
À l'époque, on avait adoré faire cette reprise, mais depuis nous n’avons pas prévu quoi que ce soit du même genre. Ceci dit, nous avons récemment tourné et fait des concerts que nous avons voulus comme un "retour aux sources", et durant lesquels nous ne jouions que de la guitare, de la basse et des percussions. Au cours de ces concerts, nous avons repris Ceremony de New Order et Shadowplay de Joy Division, et c’était vraiment génial de jouer ces titres qui nous ont tellement influencés à nos débuts.