|  Propos recueillis en octobre 2011
DERNIÈRE SORTIE : "Hungry Dogs [In the Backyard]" |
|  |    

  |  |
|  |   |  |    | Par Yannick Blay | Photo J-M Touzin |
|  |  |  |  |
|  |
|  | Cela fait maintenant six ans que Zëro tourne et compose ses morceaux sur les cendres de Bästard. "Hungry Dogs [In the Backyard]", leur troisième album, devrait réconcilier tous les esprits chagrins qui regrettaient la rage et l’inventivité de leurs débuts. L’interview qui suit a été réalisée avec toute la sympathique équipe en coulisses avant leur concert au Point Éphémère à Paris fin 2011… On croirait entendre de vieux synthés analogiques sur votre nouvel album, ce sont de nouveaux instruments ? Éric Aldéa (guitare, basse, chant) : Ivan a acheté de nouveaux synthés. En particulier une nouvelle machine qui s'appelle "Persephone". Ivan Chiossone (claviers, guitare) :, Mais c’est analogique. C’est une sorte de machin à ruban analogique sur lequel tu peux faire deux notes… Éric : C’est une sorte d’onde Martenot. Frank Laurino (batterie) : En un peu moins chiant à transporter… Ivan : Et avec un son plus méchant !
(Le Persephone est un synthétiseur analogique à ruban avec CV et entrée et sortie MIDI. À première vue, le Persephone rappelle les premiers instruments électroniques à ruban développés dans les années 1920 et reprend le jeu traditionnel des premiers instruments électroniques sans clavier, la main droite contrôlant la hauteur de la note, la main gauche, la vélocité. Le ruban permet de son côté différents types de jeu -ndlr) On l’entend notamment à la fin du dernier titre, non ? Voilà. Et sur Fast Car, à la fin, aussi… Ah oui ! J’adore ce son ! Pour une fois on a fait du vieux avec du neuf. D’habitude, c’est le contraire… Tu as lâché les cordes pour ne jouer plus que des synthés maintenant ? Oui, ça s’est fait comme ça. Au local, je n’étais plus que sur mon synthé. Et toi, Éric, tu t'es aussi mis aux synthés ? Éric : Très peu. Je reste surtout à la basse et à la guitare. Et sur scène, il y a pas mal de nouveaux morceaux qui sont sur le disque, mais qu’on ne joue pas, notamment les morceaux plus lents, qui restent plus des morceaux de studio. Il y a un titre un peu Tom Waits/Residents au milieu de l’album, vous ne le jouez pas ? Non, mais on va essayer... Ivan : Je me demande s’il ne parle pas plutôt de Hackin’ Round. Éric : Ah ? Je pensais que tu parlais de Polly’s on the Run, sur lequel j’ai une voix un peu à la Tom Waits. Ivan : Ce morceau est surtout très Residents, je trouve… Il m’a semblé d'ailleurs qu’il y avait un rapport entre Cracker’s Ballroom et Polly’s on the Run sur le plan des paroles… Oui ! Il y a un rapport entre presque tous les morceaux. Frank : C’est notre album concept (rires) ! Éric : Au départ, je voulais faire mon "Ziggy Stardust" (rires). Mais finalement, c’est pas tout à fait ça. Donc, je ne mets pas trop le concept en avant quand j'en parle. Mais il y a quand même plein de personnages que l’on retrouve d’un titre à l’autre, une sorte de famille de Cajuns. Mais les paroles ne sont pas très importantes, en fait elles sont écrites au dernier moment. J’écris en yaourt, je bloque sur des sonorités qui reviennent et j’écris mes paroles en fonction. On parle de synthés, mais il y a aussi un peu d’harmonicas sur ce disque… Ivan : Sur The Trap, c’est moi qui en joue. Je trouve que c’est un des morceaux les plus évidents de l’album… Frank et Ivan : Ah bon ?! Éric : Pas pour nous. D’ailleurs, on l’a enlevé de la setlist du concert. Frank : Ce n’est pas notre préféré du tout. Éric : Il est médium, un peu comme Bobby Fischer, il faut qu’il soit joué parfaitement pour qu’il ait de l’impact sur scène. Et on ne le maîtrise pas encore assez bien. Et puis François jouait d’abord de la batterie dessus, puis de la guitare, puis des deux… Il joue d’ailleurs des deux sur la version de l’album. François :, Mais on n’a pas encore vraiment trouvé comment jouer ce morceau sur scène. Et puis, juste pour ce titre, il faut ramener un tom en plus, c’est contraignant ! Ivan : Quoique, n’importe quelle casserole ferait l’affaire (rires). Ou une valise avec des micros à l’intérieur… Le placement des micros est important, j’imagine… Éric : Oui, mais c’est Chris du Peuple de l’Herbe qui s’en occupe, ça fait dix ans qu’il a son studio et on le connaît depuis longtemps. Alors on fait nos prises chez lui et il s’occupe des mixes… Parfois, il suffit de pas grand-chose pour que le morceau ne ressemble plus du tout à ce qu’on voulait au départ… C’est pour cela que vous ne faites plus The Trap en live ? Un peu, oui. Sur la fin on ne mettait plus de delay, puis on changeait autre chose…C’est un morceau difficile à mixer. Ivan : Et puis il y a des petits arrangements difficiles à reproduire pendant les refrains. Mais qui sont nécessaires afin qu’il sonne bien. Éric : On n’avait pas trop de temps. On l'a compacté, et le rendu live a été décevant. Mais on réessaiera. Éric : Il faudrait appeler Christine (Christine Ott, spécialiste des ondes Martenot qui a participé au projet Narcophony d’Éric et Ivan dont le premier disque est paru en 2002 -ndlr) pour l’inviter à notre date à Strasbourg. T’as encore son numéro, François ? François : Non, non, je ne l’ai plus. Elle avait joué avec vous au Glazart pour le projet Narcophony… Éric : Exact. On a dû faire six dates maximum avec ce groupe. Après, on a rejoué avec une autre formation : les quatre Zëro, avec un trio de cordes et une scie. C’était pour la première partie de Pierre Henry à Lyon pour les Nuits Sonores. On n'a fait que des reprises des Residents pendant une demi-heure, c’était super (le dernier album de Narcophony paru en 2005 est précisément un "tribute" aux Résidents -ndlr). Il y a deux mois, on a également joué à quatre tous les morceaux du premier album de Narcophony (la relecture du "Spiral Insane" de Nurse With Round -ndlr) plus deux titres des Residents. On flippait un peu, parce que la fois d’avant lorsque nous étions sept avec le violoncelle et les percus de Franky, on était à l’aise, mais là à quatre, on appréhendait. Finalement, ça l’a fait. Et vous auriez envie d’enregistrer avec un orchestre de cordes pour Zëro ? Ivan : On est plus dans l’énergie, il faut un contexte particulier pour cela. Il faudrait créer un nouveau morceau... Faut voir. Cheveu l’ont fait avec un orchestre de Tel Aviv. Vous les connaissez ? J’ai été voir ça sur Internet. Éric : Moi aussi, j’ai été écouter sur MySpace. Ça a l’air différent de ce que l’on peut entendre sur scène. Ça a l’air plus fun sur disque, moins dark 80’s que ce qu’on avait vu en balance.
Comment a été réalisé le clip pour Fast Car ? C’est un pote qui a pris plein de photos noir et blanc de nous qu’il a monté en clip. C’est assez marrant. Frank : C’est genre animation, ça va très très vite, du style 16 images seconde… C’est votre premier clip, non ? Éric : Ouais. Normalement il devrait y en avoir un autre, choisissez un morceau les gars… The Trap (rires) ? Cracker’s Ballroom plutôt, ou Polly’s on the Run… François : Et le truc qu’on devait faire dans ta cuisine ? Éric : C’était pour Septal, c’est encore un instrumental. Stéphane (le boss de leur label Ici D’Ailleurs, bloqué ce soir-là dans le train en partance de Nancy pour cause d’incident sur la voie et qui devra finalement annuler sa venue -ndlr) va être écoeuré. Déjà qu’il est vert qu’on ait fait un clip pour Fast, Car sans lui demander… François :, Mais je ne comprends pas ça, c’est vraiment un truc de label… Après, c’est vrai que la majorité des gens ont besoin de s’accrocher à la voix. Éric : Ouais, mais regarde Battles, ça marche bien pour eux et il n’y a pas beaucoup de chant. Vous avez de nouvelles reprises pour le live, sinon ? Oui, un titre de Suicide qu’on fait en rappel, Ghost Rider. Mais comme on ne doit pas jouer trop longtemps, je pense qu’on va devoir virer Luna Park du set, je ne sais pas ce que vous en pensez ? C’est le moins bien, c’est celui qui nous fait changer d’instrument… Ivan : Moi, j’aime bien Luna Park ! Mais bon, si ça nous permet de faire les rappels… Vous essayez de moins changer d’instrument sur scène ? Oui, ça ne bouge plus du tout. Ivan : C’est venu naturellement, car on change également moins d’instruments sur le dernier disque. Il y avait peut-être un peu trop de blancs entre les morceaux en live ? Ivan : Oui, on nous l’a reproché. Votre album sort en vinyl également… Il y a une édition limitée à 100 exemplaires en vert transparent. D’où vient le visuel de la pochette ? Éric : C’est un gars de Pau qui nous a fait ça. On n’était au départ pas trop d’accord sur les idées de pochette, ce qui nous a mis pas mal en retard. On a fini par demander à ce mec, et ça nous a convenu. On n'était pas plus emballés que ça, mais c’était la meilleure proposition qu’on ait eue… Frank : Et il fallait se décider à un moment (rires)…. Vous vouliez une pochette illustrant le titre Hungry Dogs (In the Backyard) ? Non, pas du tout. Le titre devait être Under Go-Go Lights, mais on n’a rien trouvé comme pochette qui pourrait convenir. Du coup, on a changé de titre… Frank : Et on a pris une phrase d’un de nos morceaux… Lequel ? The Trap justement (rires). Ivan : Finalement, c’est le morceau emblématique de l’album (rires). Vos chansons parlent un peu de drogue aussi, non ? Septal ? Éric : Bah, c’est un instrumental (rire général). Et les "Crackers", c’est pas des fumeurs de crack ? Non, c’est les Cajuns. Les durs de durs, les trappeurs qui vivent dans des cabanes dans les marécages… Ce sont nos cousins d’Amérique… Des personnages qui, dans le cinéma ou la littérature, m’inspirent… Ivan : "Délivrance", quoi (rires). Il y a "Sans Retour" aussi dans le même genre… Carrément, de Walter Hill ! Je trouve que Cracker’s Ballroom sonne très Bästard… Éric : Ah bon ? Ça ressemble peut-être à Daddy’s Lipstick… Frank : Disons que la structure rythmique est comparable oui, je vous l’avais fait remarquer d’ailleurs… Vu qu’on est trois anciens Bätard, ça s’entend forcément. Mais on a trouvé notre son maintenant, je crois… Éric, ta voix semble de plus en plus importante dans le groupe… Éric : La voix est peut-être plus affirmée… Et plus différente d’un morceau à un autre. Ivan : On s’était dit qu’on voulait que la batterie et la voix soient plus en avant… Éric : Et puis j’avais un chant un peu scandé à la The Fall que j’essaie de perdre aussi… François : On a été très influencés par la variété française (rires). Frank : Passés 40 ans, faut qu’on pense à vendre un peu (rires). Vous êtes toujours en contact avec Sister Iodine ? Frank : Bah ouais, Lionel vient sûrement ce soir. On n’a pas été les voir quand ils ont joué à Lyon la dernière fois, en revanche. Éric, c’est toujours ton frère qui s’occupe de votre son en live ? Éric : Non, ça fait un moment que Greg ne nous a pas fait le son. Il tourne avec High Tone qui joue beaucoup plus que nous. C’est Fabien qui gère notre son maintenant. On fait une vingtaine de dates par an. On ne peut pas plus, François a des gamins, moi je viens d’en avoir, y’a le boulot à côté… On sait très bien que l’on ne fera jamais d’argent avec le groupe et du coup c’est plus simple. Faut juste rentabiliser le gasoil qui est hors de prix, le péage et la loc’ du camion et se prendre un petit billet de cent euros chacun si on peut. Vous n’êtes pas trop festivals… Non. Je préfère que les gens viennent nous voir volontairement. Tu peux avoir de bonnes surprises, mais bon… Et puis jouer l’après-midi, bof… Et on n’a pas de tourneur, je n’ai pas les contacts… Frank :, Mais c’est vrai qu’en festival, tu peux toucher des gens qui ne te connaissent pas. Je jouerais bien aux Eurockéennes, moi… Quel est le morceau du dernier album que vous préférez jouer sur scène ? Éric : On ne les a pas encore beaucoup joué, mais Fast, Car me donne des frissons à chaque fois. Mais à chaque fois, chacun ne veut pas ou plus jouer tel ou tel morceau, ce qui fait que finalement on fait de nouvelles reprises (rires). Vous ne jouez plus de titre de Deity Guns… Si, on joue d'ailleurs The Desert ce soir. On l’a joué une ou deux fois en live, mais ça ne fonctionnait pas. Et puis on l’a enregistré en live au local et là, c’était bien, alors… Vous en jouez d’autres en répètes ? Frank : Non. On a plutôt tendance à jouer des conneries de variété ou le générique des Chiffres et des Lettres (rires). Sans parler du thème de Conan que vous jouez parfois sur scène… Exact (rires) ! |  |  |  | | |  | |
|  |  | |  |