Propos recueillis
en avril 2012


DERNIÈRE SORTIE :
"Day Of All Days"


SITE OFFICIEL :
annemariehurst.com

LABEL :
Jungle Records
Par Christophe Lorentz  
Photos Mel Butler (site)  

Alors que la reformation de Skeletal Family, qui s'avérait excitante sur le papier, a finalement tourné court faute d'une remplaçante à la chanteuse d'origine convaincante, c'est avec une certaine surprise et un plaisir certain que nous avons finalement vu Anne Marie Hurst refaire surface en solo –néanmoins accompagnée de ses deux principaux comparses de Skeletal Family, Stan Greenwood (guitare) et Roger "Trotwood" Nowell (basse). Désireuse de ne pas trop surfer sur la vague du revival gothique, la vocaliste nous a gratifiés d'un album de nouvelles chansons qui se rapprochent finalement plus de Ghost Dance par leur côté très rock. Néanmoins, même si "Day of all Days" est un disque plaisant et efficace, c'est surtout lorsqu'elle revient sur son passé qu'Anne-Marie nous passionne le plus...

Tu as commencé ta carrière en 1982 avec The Elements. Quelles sont les raisons qui t'ont poussée à faire partie d'un groupe à l'époque ?

En 1982, Stan et Trotwood faisaient partie de The Elements aux côtés de Karl Heinz et Steve Crane. Ils avaient une chanteuse, Rosemary Robb, l'ex-petite amie de Trotwood. Stan m'a demandé de faire les chœurs, parce que je connaissais sa sœur qui traînait avec moi et quelques autres amis. Rosemary a ensuite annoncé qu'elle allait quitter le groupe parce qu'elle déménageait. Donc je suis devenue la chanteuse ! Le groupe était en train de changer : The Elements existait depuis 1979, et c'était l'époque où Southern Death Cult et New Model Army faisaient parler d'eux à Bradford. À Leeds, il y avait The Sisters of Mercy, March Violets, The Three Johns...

Comment est né Skeletal Family ensuite ?
The Elements étaient réellement arrivés en bout de course. Nous étions en train de répéter dans l'appartement de Trotwood et nous sentions que nous avions besoin d'un nouveau départ. Nous avons alors tous proposé des nouveaux noms pour le groupe. Skeletal Family a été suggéré par Trotwood, qui était un grand fan de David Bowie, Stan et lui aimaient à peu près le même genre de musique, même si Stan était plus branché Roxy Music. Mais autant Stan et Trotwood avaient des influences seventies et punk, autant j'étais plus influencée par Ian Astbury et Andi Sex Gang, parce que j'étais plus jeune qu'eux... Quoi qu'il en soit, avant que John Peel ne passe en radio notre single Trees, Stan, Trotwood et moi nous allions à Londres pour démarcher les agents et les maisons de disques. Nous avons eu aussi l'opportunité de faire la première partie de Play Dead à l'ancien Marquee. Dès que John Peel a commencé à passer notre single, nous avons pris l'habitude de passer le voir un peu à l'improviste. C'était une belle période pour nous.

Quels autres souvenirs gardes-tu de tes années avec Skeletal Family ?
C'était un groupe dans lequel chacun d'entre nous était impliqué, Stan avait conçu toutes les pochettes des premiers disques, Trotwood s'occupait des tâches quotidiennes et écrivait les chansons... J'ai vraiment passé de bons moments avec Skeletal Family. Après deux albums –"Burning Oil", qui fut n°1 des charts indé, et "Futile Combat"– nous avons tourné avec The Sisters of Mercy sur leur Black October Tour. Andrew Eldritch avait appelé Trotwood pour lui demander s'il voulait bien qu'on tourne avec son groupe. C'était très bien pour nous, car ils auraient pu aussi trouver une première partie qui aurait payé pour faire la tournée...

Pourquoi as-tu choisi de quitter Skeletal Family en 1985 ?
Je n'ai vraiment pas envie de creuser les raisons pour lesquelles j'ai quitté Skeletal Family, c'est de l'histoire ancienne, ça s'est passé il y a si longtemps... Ghost Dance a permis à ma carrière d'atteindre un niveau supérieur, ce qui ne serait probablement pas arrivé si j'étais restée avec Skeletal Family.

Mais qu'est-ce qui a causé la fin de Ghost Dance ?
Ghost Dance a duré cinq ans, cinq années formidables pleines de grands concerts . Nous avons par exemple joué au festival de Reading avec les Ramones, entre autres... Mais nous avons aussi souffert du même triste sort que Skeletal Family, avec Chrysalis Records qui voulait que nous soyons un autre groupe que celui que nous étions en réalité. Ils ont plus ou moins retourné notre public contre nous avec la production de Celebrate. Je hais littéralement cette version de la chanson !

Ghost Dance s'est séparé en 1990, et tu as commencé à travailler en solo simplement en 2009. Qu'as-tu fait durant ces dix-neuf années de silence ?
Quand Ghost Dance s'est séparé, tout était très confus et j'étais criblée de dettes. Après la séparation, j'ai travaillé avec divers managers et compositeurs, mais rien n'en est vraiment sorti... J'étais désabusée et j'ai quitté le business de la musique. j'ai fait différentes choses jusqu'en 2002. Et c'est à ce moment-là que Stan et Trotwood m'ont contactée. Ils avaient lancé un site Internet sur Skeletal Family, Cherry Red avait réédité les albums et les singles en CD... Et nous avions même des offres pour des concerts ! J'ai alors fait la session photos et nous avons programmé des répétitions. Néanmoins, après y avoir bien réfléchi et vu que mon mari n'était pas très heureux à l'idée de me voir faire des concerts et peut-être même tourner, j'ai décidé de me retirer. Je venais de fonder une famille et ma vie était complètement différente de celle que j'avais dans les années quatre-vingt.

Que s'est-il passé ensuite ?
La reformation de Skeletal Family a eu un certain succès, mais il y a eu des problèmes internes au groupe, qui a finalement splitté à nouveau... C'était Karl Heinz qui écrivait la plupart des morceaux. J'ai revu Stan en 2008, alors que j'étais sur le point de divorcer. Il m'a proposé de faire quelques chansons ensemble. Nous avons donc répété des reprises et de nouvelles compositions. Nous avons fait ça pendant un moment, sans vraiment penser à donner des concerts –ou peut-être juste quelques-uns lorsque nous serions prêts. J'ai alors reçu une offre pour faire quelques lives avec soit le Skeletal Family d'origine, soit Ghost Dance. Les membres de Ghost Dance étaient éparpillés aux quatre coins du monde, donc j'ai décidé de monter un groupe avec Stan. J'ai trouvé un guitariste et un batteur, Stan a mis la main sur Trotwood, et nous avons commencé à répéter des chansons de Skeletal Family et de Ghost Dance. Nous avons fait notre premier concert pour Halloween 2009, avec des anciens titres et deux nouvelles chansons que Stan et moi avions composées en acoustique. À partir de là, d'autres concerts ont suivi. Stan avait un CD avec de vieilles démos et des idées qu'il avait enregistrées au fil des années. Nous avons commencé à travailler dessus, ainsi que sur de nouvelles compositions. Nous en avons d’abord enregistré six au Blackbarn Studio de Paul Weller, puis sept autres. Nous pensions alors avoir assez pour un album, les chansons sonnaient vraiment bien, et nous avions vraiment envie de les sortir. Mais en tant qu'album, nous pensions qu'il manquait quelque chose, alors nous avons composé sept autres chansons. Voilà sans doute pourquoi le disque a mis deux ans à se faire.

La tonalité générale du disque est très rock, voire hard-rock... Était-ce pour vous démarquer du style gothique ?
Les nouvelles chansons sont en effet plus rock, plus lourdes... Mais ce n'était pas une décision consciente d'avoir des chansons plus dures. L'album suivant pourrait très bien être complètement différent.

Quels sont justement tes prochains projets musicaux ?
Notre but est d'écrire encore plus de nouvelles chansons et de faire un autre disque. Jungle Records est partant pour sortir du vinyle, donc il est possible qu'on sorte un maxi 45 tours avant le prochain album. Nous avons justement une chanson, Don't Let Go, qui a été remixée et qui pourrait être bien pour ce projet. Nous officions sous le nom d'Anne Marie Hurst, bien qu'il s'agisse beaucoup plus d'un vrai groupe que d'un projet solo. Il nous semblait qu'avec le patronyme d'Anne Marie Hurst nous pouvions jouer toutes les vieilles chansons ainsi que des nouvelles, tout en espérant nous débarrasser de la connotation nostalgique. Mais qui sait ce que nous réserve le futur ? Pour le moment, nous avons un bon studio de répétition et d'enregistrement, donc il en sortira encore d'autres compositions...