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Propos recueillis
le 1er mars 2014

Photos report du concert
au Trabendo du 7 mars 2014 :
ici

DERNIÈRE SORTIE :
"Spectre"



SITE OFFICIEL :
www.laibach.org

LABEL :
Mute
Par Yannick Blay  
Photos Maya Nightingale  

En concert dans quelques jours au Trabendo (Paris), le samedi 8 mars, les fameux et pour le moins controversés Slovènes, Laibach, reviennent avec "Spectre", un nouvel album conceptuel, aussi drôle et intelligent que soigné. Le groupe s’y montre engagé politiquement, comme il ne l’a jamais été auparavant, avec des titres et des paroles on ne peut plus évocateurs. Est-ce une volonté de lever l’ambiguïté et la neutralité qui les caractérise, et de s’afficher comme un vrai groupe politique, rien n’est moins sûr. Quelque peu agacés par la position et l’attitude de leur distributeur français (Naïve, pour ne pas le nommer) qui semble ne pas les aider comme ils le souhaiteraient dans la promotion de leur disque et de leur tournée, Laibach, par la voix de son représentant Ivan Novak, nous explique à quelques jours de leur venue à Paris tout cela et plus encore, nous rappelant que chacun de membres du collectif Laibach n’ont toujours fait qu’un ! Laissez-vous guider par ces étonnants et charismatiques Slovènes pour qui la seule chose qui compte est l’art et l’œuvre elle-même. All resistance is futile !

Toutes vos chansons sont toujours écrites autour d’un concept précis ? Ou bien y a-t-il des exemples dans votre travail de morceaux écrits de manière plus traditionnelle et plus instinctive ?
Ivan Novak :
Non. Pour nous, nos albums sont aussi complexes que peuvent l’être un livre ou un film. Alors on prépare toujours un "scénario" élaboré pour nos disques, et par le biais de ce concept initial, on se laisse la possibilité d’improviser et d’expérimenter avec le son et la musique.

Et quel est le concept à l’origine de "Spectre", votre nouvel album ? Quelle en a été la genèse ?
Nous avons été directement influencés par les événements de ces dernières années témoignant d’un écroulement économique et de troubles sociaux et politiques en Europe et dans le monde. Et aussi, par l’état désastreux de l’industrie de la musique et de la culture pop en général. En outre, nous avions toujours cette vieille idée de créer un "parti" politique international. Tous ces éléments mis ensemble ont contribué, d’une certaine manière, à l’élaboration de "Spectre".

« Laibach fonctionne comme une équipe, dans un esprit collectif, selon le modèle de production industrielle et de totalitarisme. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de place pour la parole individuelle. Seule compte l’organisation. »


De quelle façon travaillez-vous ensemble ?
Nous avons divers studios et un espace de répètes à Ljubljana et une autre dans la ville de Trbovlje, à l’endroit même où est né Laibach en 1980. Après les premières répétitions à Ljubljana, nous aimons aller à Trbovlje et passer une semaine environ dans le théâtre Delavski Dom afin d’y finaliser nos performances live. On s’y sent chez nous.

Quel est le line-up aujourd’hui ? Pourrais-tu définir le rôle de chacun dans le groupe ?
Le premier manifeste de Laibach écrit en 1982 disait : "Laibach fonctionne comme une équipe, dans un esprit collectif, selon le modèle de production industrielle et de totalitarisme. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de place pour la parole individuelle. Seule compte l’organisation." Les membres et les collaborateurs changent, mais le cœur est toujours là. Officiellement, les membres de Laibach sont Eber, Saliger, Dachauer et Keller. Ce sont les quatre pseudonymes que nous utilisons depuis 1982 comme signifiants pour chaque membre de Laibach. Les noms ne sont pas fixés sur une personne spécifique ; ils sont flexibles et chaque membre de Laibach peut les utiliser comme bon lui semble. Ces noms dissimulent donc en eux-mêmes un nombre arbitraire de sous-objets, selon les besoins. La flexibilité et l’anonymat des membres préviennent les possibles déviations individuelles et permettent une revitalisation permanente de la structure interne. Quiconque peut s’identifier avec la position extrême de la production contemporaine industrielle devient automatiquement un membre de Laibach. Mais le plus drôle, c’est que plus on répète ces strictes définitions des adhérents de Laibach et son principe d’anonymat et plus les gens nous demandent des noms concrets. Mais faire la liste de tous les gens qui ont fait partie du groupe à un moment donné serait une perte de temps, car il y en a trop. Les personnes qui ont collaboré à l’album sont créditées avec une description précise de qui a fait quoi. Les membres du groupe en tournée sont aussi mentionnés à la fin du spectacle et le public est toujours surpris de voir qu’il n’y a pas que les cinq personnes sur scène, mais aussi plein de gens dans l’ombre. Ce que je veux dire par là, c’est que Laibach ne cache pas son line-up, il n’y a aucun mystère autour de cela. C’est juste que nous ne voulons pas donner à cette liste de noms une trop grande importance, car ils forment le collectif Laibach pour ne faire plus qu’un.

Tous les membres de ce collectif vivent en Slovénie ?
La plupart. À l’occasion, nous travaillons avec certains collaborateurs étrangers, mais le cœur de Laibach est basé en Slovénie –The Nation with the best location (qui se traduirait par "La nation la mieux située au monde" et qui fait sans doute référence à Cleveland : the best location in the nation, une vieille chanson vantant les qualités de vie de cette ville américaine au beau milieu du siècle dernier -ndlr).

Il semble que vous ayez certains problèmes à vous promouvoir en France. Comment l’expliquez-vous ?
(Ivan reprend à ce moment-là mot pour mot le communiqué que le groupe fait circuler sur sa page Facebook et via des publicités sur le réseau social -ndlr) Pour des raisons connues seules de la police de la morale française, Laibach a toujours eu des problèmes pour jouer en France. Nous avons été accusés de fascisme et de toutes sortes d’idioties paranoïaques, et même de chauvinisme culturel. La même situation se reproduit malheureusement aujourd’hui avec la sortie de notre album "Spectre", et la tournée qui suit. Le disque sort sur le label anglais Mute, chez qui nous sommes depuis 1987 et la seule date française est systématiquement bloquée par la licence française de Mute, Naïve Records et leur agence de communication, qui refusent de faire une quelconque promotion de nos concerts. Quand la maison Naïve a été sommée de s'expliquer sur le pourquoi de leur attitude envers la promotion de Laibach, leur agence de communication a donné comme seule explication qu'ils estimaient que le projet musical ne leur convenait pas et qu'ils seraient donc incapables d'assurer une bonne campagne pour le disque ! En d'autres termes, leur agence de com’ refuse de faire le travail pour lequel ils ont été payés, parce qu'ils n'aiment pas vraiment cette musique ! Mais quelle partie de la musique leur semble problématique ? Est-ce la rythmique, les voix ou les sons synthétiques ? Ça, ils ne le précisent pas. Leur tentative d'explication, et cette pathétique histoire, ne mériteraient aucun commentaire, si elles n'étaient si tristes et stupides, et si elles ne couvraient pas de honte la France et le Paris du 21ème siècle ! Nous n’avons jamais eu de problèmes avec la France, mais il semble que ton pays en ait avec Laibach. C’est difficile de comprendre et d’expliquer pourquoi. Peut-être ne sommes-nous pas assez bons pour vous. Ou peut-être que ce pays n’aime pas les étrangers, particulièrement lorsqu’ils viennent du sud-est de l’Europe ? Sauf quand c’est Émir Kusturica bien sûr, détenteur de deux palmes d’or et qui exporte chez vous la vision romantico-raciste des sauvages Balkans. Peut-être que la France croit qu’elle détient la clé du seul paradigme culturel acceptable pour ses habitants. Ou peut-être qu’elle sous-estime sa propre nation. Il y a aussi la possibilité que le média musical soit plus "dangereux" que celui du film, du théâtre ou des livres… Ou peut-être que le public musical est considéré comme plus stupide ou moins responsable et qu’il a besoin d’être protégé par de la mauvaise musique, des rythmes et des mélodies médiocres…. Qui sait ? Peut-être que les gens de Naïve ont besoin de cette protection.

« Nous nous interdirions certainement nous-mêmes dans les 80’s, si nous ne nous connaissions pas si bien. »


Vous ne pouvez pas généraliser et confondre le représentant de votre maison de disques en France et le pays tout entier. Et puis, ne me dites pas que la France est le seul pays où vous rencontrez ce genre de soucis…
Nous avons été officiellement interdits en Slovénie et en Yougoslavie pendant 5 ans, de 1983 à 1987, parce qu’ils n’aimaient pas notre nom (Laibach est le nom allemand de Lljubjana donné par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale -ndlr) et nous avons été interdits d’entrer aux États-Unis une fois, dans les années 80, également, parce que nous nous étions déclarés membres du parti communiste. Et l’organisation militante et catholique Opus Dei a essayé d’empêcher la sortie de notre album du même nom en 1987, mais en vain. C’est à peu près tout…

Une interview du groupe La Mano Negra sur une télé française dans les années 80 vous avait fait pas mal de tort, ici. Pour ma part, je vous ai toujours défendu, vantant votre intelligence et votre humour semblant caricaturer toute forme de totalitarisme. La chanson Resistance is futile sur votre dernier album en est encore un bon exemple. Mais pensez-vous que l’ambiguïté est toujours possible dans le monde d’aujourd’hui ou n’avez-vous pas le sentiment que vous vous devez maintenant de prendre position clairement afin d’éviter tout malentendu et de pouvoir combattre l’obscurantisme, la bêtise et les préjugés ?
Nous avons entendu parler de cette interview, mais qui blâmerait La Mano Negra ? Nous nous interdirions certainement nous-mêmes dans les 80’s, si nous ne nous connaissions pas si bien. Nous pensons que d’un point de vue artistique, l’ambiguïté est importante, car la vérité absolue n’existe pas, à moins de la mettre dans la bouche d’une divinité métaphysique. D’un autre côté, des positions et des déclarations claires dans le monde d’aujourd’hui sont parfois nécessaires, particulièrement lorsque l’on parle politique. Mais pas dans l’art où la moralité est un non-sens et où la seule chose qui compte est l’art et l’œuvre elle-même.

"Spectre" serait donc une bonne réponse à ma question, selon vous, et se suffirait à elle-même ?
En effet, oui, car nous pensons que "Spectre" et toutes nos œuvres précédentes sont de bonnes réponses.

Mais pensez-vous avoir été plus clairs que jamais avec cet album, notamment sur le plan de vos inclinations politiques ?
Nous n’avons jamais été très clairs concernant nos opinions politiques, mais nous n’avons jamais fait dans la banalité non plus. Avec "Spectre", nous ne traitons pas de politique du quotidien, nous partons d’un discours politique comme sujet de base de notre album.

Il me semble que "Volk" dévoilait chez vous une position assez neutre tout en vous protégeant enfin de toute accusation fasciste, même si cela n’a pas empêché la persistance de préjugés et de malentendus. Pensez-vous que certaines personnes ne comprennent que ce qu’elles peuvent ou veulent bien comprendre, avec les limites de leurs propres croyances, préjugés, cultures et éducations ?
Oui. Et nous pensons qu’il n’est pas bien élevé de forcer les gens à penser comme nous. Chacun doit avoir le sentiment d’une forme de liberté. Laibach serait simplement compris de travers s’il n’était pas mal compris, c’est tout l’enjeu du groupe.

« Si nous avions le pouvoir entre nos mains, nous interdirions probablement tout art qui nous paraîtrait être une faute de goût. »


Oui, mais vous acceptez en ce cas l’idée d’attirer des gens affichant des idées nationalistes ou racistes. Vous avez dit dans une précédente interview que vous acceptiez toute interprétation de vos chansons, notamment à propos de la chanson Anti-Semitism sur l’album "Wat". Vous êtes toujours du même avis ?
Absolument ! Toute interprétation de nos chansons est acceptable pour Laibach. À cet égard, nous sommes de vrais Borgs (ennemis de la Fédération dans Star Trek -ndlr), car nous sommes capables d’assimiler toute divergence d’opinions.

Le groupe Death In June a vu ses concerts interdits en France récemment. Qu’en pensez-vous ?
Nous ne connaissons pas grand-chose de Death in June, mais comme je te l’ai dit, nous méprisons les violences morales de toutes sortes. D’un autre côté, nous nous devons d’être justes auprès de nos censeurs. Si nous avions le pouvoir entre nos mains, nous interdirions probablement tout art qui nous paraîtrait être une faute de goût.

Qui sont les nouveaux héros du monde d’aujourd’hui selon Laibach ? Ceux qui luttent contre l’obscurantisme, la violence, la pauvreté et la dégradation de notre environnement naturel ?
Oui. Mais choisissez bien vos prophètes et sauveurs !

La musique peut-elle changer le monde ? Laibach en est-il capable et jusqu’à quel point ?
"Yes We Can!". Un papillon le peut alors pourquoi pas nous!

La chanson Eurovision trahit une vision sombre de l’Europe d’aujourd’hui. Que devrions-nous faire pour sauver ce continent du déclin ? Manifester ? Mais contre quoi, exactement ?
Contre nous-mêmes ! L’Europe a besoin d’une révolution. Les buts de la justice sociale, de la stabilité financière et de la durabilité environnementale ne peuvent être atteints que via les paramètres du système capitaliste global. Les vraies causes de la misère du peuple, après tout, ne sont pas la corruption de quelques centaines de politiciens ou le phénoménal appétit de quelques milliers de banquiers, mais plutôt les dynamiques structurelles qui permettent et récompensent ce genre de comportement. La crise d’aujourd’hui ne peut pas être résolue par la régulation -ou une chirurgie esthétique d’aucune sorte. Elle ne peut être solutionnée que par la transformation en un système différent. Nous espérons sincèrement que l’idée de l’Union européenne puisse être sauvée. Mais pas la froide Europe des secteurs bancaires et de la technocratie politique à Bruxelles, qui se laissent tous dicter par le dogme néo-libéral. Il faut une Europe repolitisée, fondée sur un projet d’émancipation partagée. L’Union Européenne doit trouver le bon équilibre entre le débat et le consensus sur une vision globale. Celle-ci doit s’infiltrer dans tous les aspects de la société. Sans cette vision, l’Europe ne peut pas progresser et risque au contraire en effet de décliner. Le peuple européen a besoin d’une nouvelle identité qui implique à la fois du sens et une sorte d’excitation quant à l’avenir. Cette révolution est spirituelle et doit venir des rues de Paris, Berlin, Hambourg, Athènes, Istanbul, Kiev, Barcelone ou Sarajevo et Ljubljana. L’avant-garde de cette révolution sera la jeunesse de l’Europe et quiconque se soucie de l’avenir. Plus que jamais, la réponse à la crise devra être internationale et plus universelle que ne l’est l’universalité du capital global.

Quelle est la situation dans les Balkans et particulièrement en Slovénie aujourd’hui ? L’histoire a prouvé que cette région de l’Europe est devenue synonyme de complexité nationale, de conflits sans fin et de division, et que les Balkans ont souffert pour la sauvegarde de l’Europe. Une solution pour l’avenir de l’ Europe venant des Balkans serait magnifique symboliquement parlant, non ?
Il y a un proverbe ici qui dit que quand la Serbie, la Bosnie, l’Albanie et le reste de l’ ex-Yougoslavie et des pays des Balkans rejoindront enfin l’Europe, celle-ci s’effondrera à coup sûr, si elle ne l’a déjà fait avant. Dans une certaine mesure, l’Europe ne cesse de sombrer et c’est sa façon de se constituer, finalement. À chaque fois qu’elle essaie de se rétablir, elle échoue de plus belle. Nous voulons tous vraiment d’une Europe qui aille de l’Atlantique au Pacifique, ou au moins d’une Europe dans l’Europe. Et que l’Europe nord-occidentale se mêle à la partie sud-orientale du continent plus activement et plus radicalement afin d’échanger jus et fluides et enrichir les gènes collectifs. Si l’Europe veut jouer un rôle majeur dans la politique mondiale, l’accroissement de la communauté européenne est définitivement une bonne idée. Mais nous devons être conscients que l’histoire de l’Europe est liée à des régions et à ses différences et qu’étendre l’unification ne sera pas chose aisée. Si l’Union n’inclut pas une coopération complète de l’Europe de l’Est, cela mènera à une division radicale du continent comme on l’a connu avec la guerre en ex-Yougoslavie, ou encore à un déséquilibre économique encore plus grand entre nord et sud...

Est-ce que le Neue Slovenische Kunst est toujours actif ?
Non. Le Neue Slowenische Kunst n’a existé qu’entre 1984 et 1992. Il s’était bâti autour de Laibach, quand nous étions officiellement interdits en ex-Yougoslavie. Son but était de redéfinir la relation entre l’art, la culture populaire, l’idéologie et la politique. Son principe d’organisation de base était le collectivisme, sa méthode de travail suivait un principe rétro, un mouvement appelé Retroavantguarda. Entre1990 et 1992, avec l’émergence d’une nouvelle politique et d’une réorganisation idéologique et économique de l’Europe -la chute du mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne, le déclin du bloc de l’Est, la guerre en Yougoslavie et la naissance de nouvelles entités nationales-, le NSK s’est réinventé, passant d’une organisation à un véritable État. Mais c’est un état organisé complètement différemment du NSK historique. La raison de la création de cet état était de conserver l’Utopie. Le Neue Slowenische Kunst en tant que mouvement organisé a lentement cessé d’exister et l’état du NSK construit aujourd’hui sa citoyenneté. En dehors des membres des groupes historiques du NSK, le droit à la citoyenneté est ouvert aux gens du monde entier, quelles que soient leur religion, race, nationalité, sexe ou croyance.

Jouez-vous de vieux titres de Laibach datant des années 80 lors de vos concerts ?
Ça nous arrive. Mais pas toujours…

À quoi peut-on s’attendre sur scène ?
Moins on a d’attente, plus on est content. De toute évidence, nous allons présenter le nouvel album qui sera le sujet principal de cette tournée.

À quel point Laibach se rapproche-t-il de la Sainte Trinité "sex&drugs&rock’n’roll" dans son art ou son style de vie ? En d’autres termes, est-ce que le sexe, la drogue et l’alcool peuvent être un problème dans Laibach ?
Bien sûr. Nous aimons la vie sous toutes ses formes, couleurs et substances.

J’ai entendu dire que certains membres de Laibach avaient été virés du fait de problèmes de drogue et d’alcool. Ce sont eux qui ont formé ensuite Rammstein, par vengeance, sans doute (rires) ?
Non, Laibach n’a jamais viré personne. Excepté Rammstein bien sûr.