Propos recueillis en mai 2014


DERNIÈRE SORTIE :
No Run EP (K7)



SITE OFFICIEL :
www.facebook.com/LESPANTS
Par Christophe Labussière  
Photos Paul Normann  

La peinture est encore fraîche, car la formation est vraiment toute jeune et son cadet a à peine 25 ans. Pourtant Les Panties s'appliquent à utiliser les outils d'une époque qu'ils n'ont pas connue : dans leur trousse, leur toute première production, un 45 tours de deux titres auto-produits paru en 2012 et une K7 de quatre titres limitée à 100 exemplaires sortie il y a quelques semaines. Ajoutez à ça une affection non feinte pour les méthodes "à l'ancienne", comme ils les qualifient eux-mêmes, et surtout, une véritable inspiration, étonnamment teintée de l'esprit et des sonorités de la décennie ô combien magnifique qui a amené les eigthies aux portes des nineties.

La voix de Sophie Frison rappelle l'énergie et le lyrisme de Siouxsie, la gravité d'Elsa de Tanit ou encore le charme de Weena de Baroque Bordello, quant à la basse de Paul Normann, elle déploie seule et fièrement l'étendard cold wave/new wave qui fait le socle de toutes leurs compositions. Mais Hugo (batterie et programmation), Sébastien (guitare) et Tony (clavier) ne sont pas en reste tant la construction de leurs morceaux est étonnante, car parfaitement ciselée. Difficile d'ailleurs de savoir si ces gamins sont des orfèvres ou des faussaires, car derrière cette évidence et l'apparente simplicité de leurs chansons, il y a des mélodies malignes et, même si le terme est rebattu, il est pourtant extrêmement approprié ici : l'ensemble est tout bonnement irrésistible.

Le groupe s'est formé en 2008 à Bruxelles, Paul et Sophie ont commencé en couple "De jams éthylique avec des minis Casio et chant dans notre cuisine avec Hugo, nous sommes passés en formation groupe... avec les autres, c'est en majorité une famille, un couple et deux frères, autour de laquelle ont gravité des amis musiciens avant de trouver l'équilibre". Le groupe reconnait ses références et ses premières amours, "Nous aimons Joy Division, Factory Records, The Cure... mais nous n'avons pas pris d'orientations très marquées dès le départ, c'était une volonté. Puis nous avons évolué au gré des changements de line-up. Nous écoutons aussi bien Can que le Velvet, du Kraut Rock, Neu, des tas de groupes plus actuels comme Soft Moon, Chromatics, DIIV, Toy. Mais je ne parlerais pas d'influences conscientes, ou marquées", mais avoue continuer à se chercher "Nous sommes partis d'une idée de base post punk cold wave... mais en chemin les idées et les influences évoluent et nous commençons à intégrer des éléments plus indie ou psyché à nos titres originellement encore plus dépouillés". Réelle évolution ou simple consolidation de leur son, seul l'avenir le dira, mais en attendant la découverte de leur musique est une expérience comme on en connaît peu, un vrai moment de délice. Et concernant le nom du groupe ("culotte" en anglais) ? "Nous sommes partis des paroles d'une démo, nous aimions le côté un peu inhabituel et désuet d'un nom "franglish"... un twist absurde, et un peu de fétichisme".

Le groupe travaille actuellement sur de nouveaux titres et va poursuivre sa collaboration avec le producteur anglais Ian Caple (ingénieur, mixeur ou encore réalisateur pour Tricky, Tindersticks, Creatures, Chameleons ou Autour de Lucie) et entrera en studio "Dès que nous aurons un peu bouclé les démos". En attendant une hypothétique tournée française à laquelle le groupe réfléchit en ce moment, on pourra retrouver Les Panties le 11 août sur une scène du Brussels Summer Festival (BSF) avec Wrangler, le nouveau projet de Stephen Mallinder de Cabaret Voltaire. Il n'y a pas de hasard.