Erasure
Snow Globe
[Mute]
Deux ans après "Tomorrow's World", album moderne, mais relativement convenu dans sa forme, le duo légendaire d'electropop british revient avec un bien joli cadeau de Noël, "Snow Globe", un album concept autour de cette fête tout autant religieuse que païenne. Oscillant entre compositions originales de grande qualité (Bells of Love, Make It Wonderful, Loving Man, There'll be no Tomorrow) et grands classiques de Noël (White Christmas, Silent Night, Gaudete, Bleak Midwinter), Erasure nous livre un disque étonnement cohérent qui sent bon la neige, les sapins, les guirlandes, sans jamais tomber dans le kitsch. La voix d'Andy Bell a rarement été aussi maitrisée et les arrangements électro de Vince Clarke jamais aussi sophistiqués. On ressent bien qu'après près de trente ans de carrière et autant de présence dans les charts de la pop synthétique internationale, les deux quinquas sont au sommet de leur art. Au final, "Snow Globe" est un album qui décline mille ambiances, parfois heureuses et même festives, parfois tristes et presque sombres, souvent calmes, mais aussi très dynamiques et même dansantes. Pour toutes ces raisons, ce disque mérite sans nul doute non seulement d'être écouté au coin du feu, mais aussi d'être considéré comme un futur classique d'Erasure, que l'on se repassera chaque année entre la dinde et la bûche.
Stéphane Colombet
Express
C'est l'époque des classements de fin d'année et voici qu'un nouvel EP de Burial, la star du label anglais hyperdub, pointe le bout de son nez histoire de rappeler que 2013 ne pouvait pas se faire sans lui. Avec Rival Dealer [Hyperdub], composé de trois titres magnifiques dédiés à tous les freaks de ce bas monde, l'anglais William Bevan nous happe immédiatement dans son univers dubstep ambiant futuriste, super plombant, mais qui ici s'autorise plusieurs séquences lumineuses et touchantes, comme des passages presque dansants, des mélodies synthétiques cheesy qui apparaissent comme des spectres ou des samples existentiels déchirants (comme en final l'extrait de l'interview de Lana Wachowski racontant son changement de sexe). Encore un grand EP de Burial !
Il serait également dommage de clôturer l'année sans parler du premier véritable album de Omar Souleyman dédié au marché occidental. On connaissait cet ovni venu de Syrie pour ses collaborations avec Caribou ou Björk (aux commandes du deuxième EP "Crystalline", à tomber par terre), on pourra donc maintenant se faire une idée de ce que donne sa version du dabke (cette musique locale traditionnelle festive et euphorique) boostée à l'electro et aux synthés cheaps en écoutant ce Wenu Wenu [Ribbon Music] enregistré à New York et produit par Kieran Hebden de Four Tet. Un disque vivement recommandé pour lutter contre la déprime de l'hiver, et, si vous cherchez à donner un peu d'exotisme à vos playlists electro du nouvel an, on vous conseille toujours le remix impacable de Crackboy sorti cet été sur le premier volet des compilations Acid Arab (chez Versatile Records).
Enfin, dans un autre genre, on a failli ne pas parler du quatrième album de nos mormones de Brooklyn préférées, Au Revoir Simone (ce curieux nom tiré d'une réplique du film "Pee-Wee Big Adventure" de Tim Burton). Nommé Move in Spectrums [Moshi Moshi], celui-ci s'éloigne encore davantage des univers pop folk de leurs débuts pour aller vers des sonorités plus synthétiques et froides de toute première classe. Rien de révolutionnaire, mais un disque à mettre avec les autres relectures indie de notre new wave bien aimée comme celles de Chairlift ou Bat For Lashes.
Renaud Martin