Depeche Mode
One Night In Paris
[Mute]
Bien plus qu'un concert parisien, "One Night In Paris", est le témoignage des différentes histoires d'amour qui unissent Depeche Mode et son entourage depuis une vingtaine d'années. Si ce film de l'une des dernières prestations du groupe à Bercy en 2001 emprunte parfois le concept de "101" (un reportage sur un concert au Rose Bowl sorti en vidéo, tourné en 1989), il montre surtout que les trois de Depeche Mode connaissent très bien les attentes de leurs admirateurs. Ce DVD est donc un objet parfait, offrant un panel remarquable de fonctionnalités liées aux possibilités interactives du support (le système multi-angles, le sous-titrage, le son 5.1 Dolby, le 16:9 ). On découvre sur 2 DVD l'intégralité du concert ainsi que les interviews des musiciens stressés avant la montée sur scène et une quantité incroyable de bonus pour plus de 3 heures d'images.
Intervient aussi sur ce documentaire Anton Corbijn qui se livre à une explication détaillée sur ses choix esthétiques. Car le concepteur visuel du groupe ne travaille pas seulement sur la réalisation du film, il est également le directeur artistique, le scénographe, le créateur des décors, des vidéos, des photos, du livret programme. Bref, l'imagerie du trio appartient presque à ce vieux compagnon. Le designer a d'ailleurs construit, par le passé, l'identité du groupe en lui insufflant une profondeur, une élégance particulière, propice à rehausser l'appréciation du public. Mais ses orientations laissent parfois perplexe. Sous pretexte de liberté graphique, Anton a laissé ses enfants gribouiller le livret à sa place et n'a pas osé l'avouer à ses amis Martin, Dave et Andrew. Le résultat est malgré tout cohérent puisque l'on retrouve partout les petits mickeys maladifs en guise d'habillage et de navigation.
Depeche Mode aime beaucoup Paris et la capitale le leur rend bien. En 84, ils inauguraient le Palais Omnisports de Bercy, un lieu qui n'avait pas du tout été conçu pour accueillir des musiciens. S'accommodant de l'acoustique digne d'une piscine, Depeche Mode a depuis élu ce hangar pour chacune de ses prestations scéniques. Et là aussi le choix paraît étrange tant la restitution sonore semble inégale. Le chant de Dave, desservi par un son moyen en devient presque poussif et désagréable. Une petite déception rattrapée par la richesse du propos et la qualité de la musique. Pour les fans seulement ?
Anthony Augendre