Battle Royale
Kinji Fukasaku
"Japon, début de siècle. L’absentéisme et l’indiscipline sont au cœur du système éducatif. Pour enrayer le phénomène, le gouvernement instaure une loi visant à rétablir l’ordre et l’autorité des adultes."
Une classe d’adolescents est sélectionnée et ses 40 élèves sont réunis sur une île surveillée par des militaires. À chacun d’entre eux est remis un sac de survie qui contient une arme (mitraillette, hache, couteau, GPS, arbalète...). Ils ont 72 heures pour s’affronter et un seul d’entre eux doit survivre. S’il en reste plus d’un, tous les survivants seront tués.
Si chacun réagit face à cette situation aussi inconcevable que "simple" en fonction de son propre tempérament (suicide, tentative de rébellion ou volonté farouche de gagner), c’est malgré tout inéluctable, il ne devra en rester qu’un.
"Battle Royale" joue avec un thème social très concret, la peur de la jeunesse et la montée de la violence. Et l’association dramatique de ces deux frayeurs contemporaines est le moteur du film.
On assiste ainsi pendant presque deux heures au décompte morbide des survivants, nous autorisant à peine à nous attacher aux personnages dont le caractère est pourtant précisément défini. Une spirale dans laquelle on est entraîné dès le début du film et qui laisse peu d’espace à la réflexion. On assiste à une succession de scènes de meurtres, souvent sadiques, toujours esthétisées, qui rythme le film avec une régularité macabre. Aucun détail des différents crimes ne nous est épargné, chacun étant toujours une réussite de mise en scène aux allures parfois bizarres : le jeu des acteurs s’apparente souvent plus à une sorte de chorégraphie qu’à quelque chose d’habituel. Les quelques flashbacks parsemés au début du film cassent un peu le rythme de la première demi-heure et les quelques scènes "hollywoodiennes" (la scène d’ouverture, l’explosion du véhicule) ne nuisent fort heureusement pas au déroulé du film et à l’ambiance pesante qui s’en dégage : Battle Royale est incontestablement un film à prendre au premier degré.
On sent néanmoins la volonté de Kinji Fukasaku (dont c’est ici le soixantième film) de donner une profondeur au propos, principalement par le biais du personnage du professeur interprété par Takeshi Kitano, avec la constante mise en parallèle de ses relations à ses élèves et de celle, violente, qu’il a avec sa fille qui n’a de cesse de le rejeter.
On pense à la série "Le Prisonnier" pour l’absence totale de liberté, au "Projet Blair Witch" pour l’empathie dans laquelle nous entraînent les personnages, à un jeu vidéo pour les règles et la répartition des armes. Et si la réflexion du spectateur ne se limite finalement qu’à un terrible "Qu’est-ce que je ferais à leur place", on reste admiratif de l’énergie qui se dégage du film et surtout de la prestation de ses acteurs. Aki Maeda (Noriko) et Tatsuya Fujiwara (Shuya) sont véritablement impressionnants.
Le DVD est au format 1.85 16/9 avec des pistes françaises et japonaises DD 5.1.
L’accès au bonus reste amusant deux minutes mais devient assez vite fastidieux. On y découvre : Avant première au Japon / Filmographie de Beat Takeshi Kitano / Fiches des participants / Règles de Battle Royale / Making of / Interview (écrite, il n’y a pas d’images) de Takeshi Kitano / Entretien (écrit, sans images) entre le producteur et le réalisateur / Enregistrement de la B.O. à Varsovie.
Christophe Labussière